Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 043 | |
Nombre de pages | 14 | |
Section | Diachronie, histoire de la langue | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08238 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08238
Laccent en proto-français : arguments factuels et typologiques contre linfluence du francique
R. Noske roland.noske@univ-lille3.frPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Le gallo-roman (ou proto-français) et lancien français connaissent des processus de réduction de voyelles inaccentuées (atones) et deffacement de voyelles (syncope, apocope), dont la cause est un renforcement de laccent dintensité autour du Ve siècle. Lidée reçue est que cette augmentation de lintensité de laccent est due au superstrat francique. Le francique aurait eu en effet un accent dintensité lourd qui aurait été transféré au gallo-roman autour du Ve siècle. La littérature qui signale cette idée reçue ne fournit toutefois aucune référence à des recherches qui prouvent que le francique ou dautres dialectes germaniques soient effectivement dun caractère expiratoire fort pendant cette période.
Dans cette communication, je présenterai dabord des faits du francique montrant que le francique ne peut pas avoir eu un accent dintensité fort autour du Ve siècle. Ensuite, jutiliserai la typologie proposée par Auer (1993, 1994, 2001) et par Auer & Uhmann (1988), qui postule un continuum entre le prototype « langue syllabique » (où la syllabe est lunité prosodique la plus importante) et le prototype « langue de mots » (où le mot est lunité prosodique la plus importante). Sappuyant sur les critères proposés par cette typologie, on peut constater quau Ve siècle le gallo-roman était plus une langue de mots que le germanique occidental. Un des critères des langues syllabiques est précisément la réduction de voyelles.
La conclusion qui simpose est que, pour ce qui est de laccentuation, lévolution du français na pas été influencée par le francique, contrairement aux affirmations faites dans les descriptions classiques et en opposition à dautres domaines de la langue. Une deuxième conclusion sera que dans la période suivant celle de lancien français et de lancien francique (donc la période après lancien haut allemand et lancien néerlandais), le français et le germanique occidental se sont développés dans des directions typologiquement opposées.
© Institut de Linguistique Française 2008