Numéro |
2010
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Numéro d'article | 086 | |
Nombre de pages | 13 | |
Section | Phonétique, phonologie et interfaces | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010119 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Evaluation des voyelles nasales en français L2 en production : de la nécessité d’un corpus multitâches
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SILS, Waseda University, 1-6-1 Nishi-Waseda Shinjuku-ku, 169-8050 Tokyo, Japon
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Ecole de langue et civilisation françaises, Université de Genève, UNI BASTIONS 5, rue de Candolle, 1211 Genève 4, Suisse
3
Tokyo University of Foreign Studies, 3-11-1, Asahi-cho, Fuchu-shi, 183-8534 Tokyo, Japon
Contact : sylvain.detey@aoni.waseda.jp
Nous présentons ici une étude visant à évaluer la qualité de réalisation des productions des trois voyelles nasales du français contemporain (/ɛ̃/, /ɔ̃/, /ɑ̃/) par des apprenants japonophones et hispanophones avancés (niveau de compétence B2-C1 du CECR). A notre connaissance, très peu d’études se sont penchées sur le traitement des voyelles nasales en français L2 (avec des locuteurs japonais, voir Takeuchi & Arai, 2009 ; avec des locuteurs américains, voir Montagu, 2002). Ce manque apparent d’intérêt peut en partie être expliqué par la complexité des relations entre les propriétés articulatoires, acoustiques et auditives de ces voyelles (Delvaux, Demolin, Soquet & Kingston, 2004 ; Montagu, 2007). Les données sur lesquelles se base l’évaluation proposée ici ont été récoltées dans le cadre du projet Interphonologie du Français Contemporain (IPFC), qui vise à établir un large corpus multitâches de français langue étrangère avec un protocole unique, fondé sur celui du projet Phonologie du Français Contemporain (PFC). Les productions évaluées sont issues de deux tâches différentes, en l’occurrence lecture et répétition d’une même liste de mot. La procédure d’évaluation, quant à elle, a ensuite été effectuée en deux étapes, chacune portant sur un critère spécifique. Dans la première évaluation, 16 auditeurs natifs non-experts ont effectué une tâche d’identification lexicale portant sur les productions de 9 mots monosyllabiques contenant l’une des trois voyelles nasales (/ɛ̃/, /ɔ̃/, /ɑ̃/) dans un contexte VC (Inde), CVC (teinte) ou CV (teint). Un taux d’identification correcte de la voyelle selon la population, la tâche et la voyelle nasale a ainsi été obtenu. Dans la deuxième évaluation, 4 experts ont évalué le degré de consonantisation (présence/absence d’une consonne nasale postvocalique). Cette deuxième évaluation a été confortée par une analyse acoustique portant sur deux items (tant et tante), qui visait à examiner la consonantisation sur la base de spectrogrammes. Les résultats de cette évaluation en deux étapes, interprétés dans une triple perspective, phonétique, psycholinguistique et phonologique, peuvent être globalement résumés de la manière suivante : 1) meilleures performances des japonophones par rapport aux hispanophones ; 2) meilleures performances en lecture qu’en répétition pour le timbre vocalique, mais tendance inverse pour la consonantisation ; 3) meilleures performances pour la voyelle /ɔ̃/ par rapport à /ɛ̃/ et /ɑ̃/ ; 4) augmentation du taux de consonantisation en syllabe fermée.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010