Numéro |
2010
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Numéro d'article | 085 | |
Nombre de pages | 10 | |
Section | Phonétique, phonologie et interfaces | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010178 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Le statut des consonnes de liaison : l’apport de données du français laurentien
Université d'Ottawa, Département de linguistique, 70, avenue Laurier est, Ottawa, ON, Canada K1N 6N5
Contact : mhcote@uottawa.ca
L’étude de la liaison en français jouit d’un renouveau considérable depuis quelques années, grâce notamment à l’apport de données nouvelles tirées de la psycholinguistique, de l’acquisition et de l’utilisation accrue de larges corpus de parole naturelle. Il ressort de ce renouveau une vision plus éclatée de la liaison, qui n’apparaît plus comme un phénomène unifié, et une remise en question du statut des consonnes de liaison (CL). Dans les séquences Mot1-CL-Mot2, la CL peut être considérée comme consonne finale (fixe ou flottante) du Mot1, consonnne intiale du Mot2, consonne affixale, consonne épenthétique ou consonne lexicalisée dans une construction plus large que le mot. Nous revenons ici sur la question du statut lexical des CL, à la lumière de données spécifiques au français laurentien. Cette variété de français est particulièrement riche en données permettant de départager les différentes options quant au statut des CL puisque la liaison peut y interagir avec plusieurs processus segmentaux aux frontières de mot : affrication de [t d] devant les voyelles hautes antérieures (ex. tu dis [tsy dzi]), aspiration des occlusives sourdes (ex. tarte [thart] dans certaines sous-variétés laurentiennes), relâchement des voyelles hautes en syllabe finale fermée (ex. toute [tUt]) et ouverture des [ɛ] finaux en [æ] (ex. parfait [parfæ]). Il s’agit ici de comparer de façon systématique le comportement des CL avec celui des consonnes finales, initiales et proclitiques en regard des 4 processus mentionnés. Les résultats illustrent l’hétérogénéité des CL. Celles-ci se comportent comme des consonnes initiales dans les formes avec enclitique mais commes des consonnes finales fixes dans des ajectifs du type plein. Dans le cas général, elles partagent certaines caractéristiques des consonnes initiales et finales, ce qui exclut la lexicalisation des CL à l’initiale du Mot2 ou à la fin du Mot1. Ces résultats vont donc dans le sens des analyses multiformes de la liaison et du détachement des CL du Mot1.
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