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Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 148
Nombre de pages 12
Section Phonétique, phonologie et interfaces
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08175
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08175

Manifestation de la latence en ancien français aux Xème et XIème siècles: liaison et redoublement syntaxique

N. Chasle

nathalie.chasle@etu.u-bordeaux3.fr

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
Le redoublement syntaxique (RS), principalement étudié en italien moderne, se produit entre deux mots et se manifeste par une gémination de la consonne initiale de Mot2, lorsque Mot1 et Mot2 forment un même constituant syntaxique. Ayant relevé un certain nombre de séquences du type V#CCV dans plusieurs textes médiévaux (a•ssos pez), ce même phénomène de renforcement consonantique semble ainsi présent en ancien français. De plus, une autre variation à la finale de Mot1 a été constatée à cette même période, du type [V#C] versus [VC#V] tel que a deu / ad escole, qui présente les mêmes caractéristiques que la liaison, connue en français moderne. Le RS tout comme la liaison en ancien français se manifestent lorsque Mot1 et Mot2 entretiennent des relations syntaxiques très étroites, et semblent être déclenchés uniquement par des morphèmes atones, à finale latine consonantique (a<ad). Au regard des mots déclencheurs et du contexte syntaxique similaires, il semble ainsi possible d’envisager la présence d’un même phénomène de latence se réalisant aussi bien en contexte _#V que _#C. Plus précisément, l’analyse apportée à ces variations consonantiques consiste à poser en coda de Mot1 une consonne latente (Cl), correspondant à une ancienne consonne finale latine. Une hypothèse est alors avancée, selon laquelle l’accentuation de la syllabe contenant la Cl autorise sa réalisation. Mot1 étant atone, on présuppose qu’il peut contenir un accent secondaire (selon des règles accentuelles établies) qui, dès lors, légitime la Cl qui sera rattachée, par assimilation complète, à l’attaque du mot suivant (« a + sos» : /(’a(Cl))(sɔs)/→[a#ssɔs]). Lorsque Mot1 n’est pas accentué, la légitimation de la Cl ne pourra se faire que syllabiquement. Partant du principe que la syllabation est récursive, c’est donc le segment initial de Mot2 qui autorisera ou non la réalisation de la Cl. Si ce segment est identifié comme noyau, il légitime la Cl qui devient alors attaque de ce noyau (« a + escole » : /(a(Cl))(eskɔl)/→[a#deskɔl]), dans le cas contraire, la Cl s’efface (« a + deu » : /(a(Cl))(deu)/→[a#deu]). Ceci étant, si le rôle accentuel reste fondé en contexte __# C, l’analyse basée sur la présence de Cl, correspondant aux consonnes finales latines, est acceptable uniquement si l’on considère que les cas de RS après la préposition de (<de) et la conjonction si (<si), qui étaient déjà à finale vocalique en latin, ont été « ajoutés » aux mots déclencheurs de RS par analogie.



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