Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 147 | |
Nombre de pages | 12 | |
Section | Phonétique, phonologie et interfaces | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08228 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08228
Rôle de la prosodie dans la construction de lespace interdiscursif
V. Bourhis bourhisveronique@yahoo.frPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Valeur fonctionnelle de la prosodie chez le jeune enfant
Lobjet de ce travail est létude des interactions verbales du point de vue prosodique, dans le cadre dune linguistique appliquée lacquisition de la langue maternelle.
Lanalyse porte sur les stratégies utilisées l enfant dans la construction de lespace interlocutif ;
Le corpus concerne 1 enfant et 4 micro-systèmes relevant de lapprentissage langagier
Les données sont enregistrées, transcrites, et analysées par Praat.
Létude de la prosodie dans une perspective microgénétique (Rosenthal 2004) suggère que les stratégies prosodiques varient en fonction de la nature de la tâche langagière que le locuteur montre quil veut accomplir.
On constate notamment que lorsque la centration dun des locuteurs porte sur lactivité conversationnelle, lorsquelle porte sur un contenu notionnel nouveau, ou sur une réflexion de type épilinguistique, la production verbale met en uvre une activité de catégorisation implicite de la situation de production : les stratégies prosodiques sont différentes.
Nous en concluons que l'intonation intervient à la manière d'un guidage contextuel dans le traitement cognitif de l'information selon un axe double : le repérage perceptif d'entités prosodiques spécifiques et leur interprétation lors de la réception, et la production d'entités prosodiques spécifiques.
Lintonation a donc un rôle dialogique, en ce sens quelle est une manifestation de ce qui, dans la parole dun locuteur, dépend de la parole de lautre : ce qui est dit ne constitue pas le reflet de lintention du locuteur, mais la manière dont cela est dit sentend comme contre parole (Bakhtine 1978). Les représentations ne correspondent donc pas uniquement à l'actualisation dune possibilité inférentielle, mais, au contraire, à des mouvements à travers lesquels les interlocuteurs se positionnent dans l'espace discursif.
Dune manière plus générale, la prosodie serait donc lune des composantes langagières qui permet la configuration de champs perceptuels formant la base de co-représentations, dynamiques, configurations à un moment donné, participant par conséquent à la construction de lespace interdiscursif. Ceci nous inscrit dans une approche cognitive qui repose, comme le souligne Lacheret-Dujour (2007) sur « une version gestaltiste et constructionniste des formes prosodiques et de leur valeur sémantique, sur limportance accordée à lobservation et à la modélisation pour le développement de représentations formelles cognitivement pertinentes, et sur la dimension majeure des faits de perception. »
© Institut de Linguistique Française 2008