Numéro |
2010
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Numéro d'article | 091 | |
Nombre de pages | 12 | |
Section | Phonétique, phonologie et interfaces | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010078 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Réalisation variable des occlusives en français louisianais : l'affrication et l'aspiration à la Ville Platte
University of Western Ontario, Département d'études françaises, University College, London, ON, Canada N6A 3K7
Contact : arusse25@uwo.ca
Le présent article est une analyse descriptive de l’affrication et de l’aspiration des occlusives dans le parler de la Ville Platte et ses environs dans les prairies louisianaises. L’affrication des dentales devant les voyelles antérieures et fermées, un trait typiquement laurentienne, n’est pas caractéristique du français cadien mais, dans un examen de la situation du français en Louisiane, Picone et Valdman (2005) ont souligné sa présence à la Ville Platte. Dubois et Horvath (1998) ont aussi indiqué que l’aspiration n’est pas présente dans l’anglais des Cadiens, vraisemblablement à cause de l’interférence du français. À partir de ces observations, nous considérons dans cet article les occurrences de ces deux traits, l’affrication et l’aspiration, et comment ces phénomènes s’influencent (si l’aspiration empêche l’affrication par exemple) et sont influencés par l’accentuation des syllabes et leur position dans le mot. En employant le logiciel Praat, nous avons examiné des extraits de dix minutes d’une série d’entrevues faites avec des francophones de la région, deux hommes et deux femmes, tous bilingues et âgés de plus de 60 ans. Notre analyse a révélé que l’affrication dentale est présente chez tous nos locuteurs et est presque systématique dans des conditions affricantes avec l’exception d’un cas spécifique. Chez un locuteur, il existe un groupe de mots liés à son travail qui sont prononcés à la française, mais dans lesquels un [d] devant [y] n’est pas affriqué. Nous avons aussi remarqué un phénomène qui ressemble à l’affrication, mais qui est beaucoup plus bref. Ce que nous appelons le phénomène x n’est observé qu’avec l’occlusive sourde [t] devant les voyelles [e] et [u]. En ce qui concerne l’aspiration des consonnes non voisées, un phénomène typique de l’anglais, nous avons déterminé qu’elle est très importante à la Ville Platte, ce qui indique que cette variété de français subit l’influence de la langue anglaise et pas le contraire. La fréquence de l’aspiration dans ce corpus est beaucoup plus importante que la fréquence de l’affrication, mais dans le cas du /t/, la seule consonne susceptible de subir les deux phénomènes, notre analyse indique que l’affrication empêche l’aspiration. Le seul cas observé d’une combinaison des deux phénomènes a eu lieu dans un contexte qui n’est pas normalement propice à l’affrication, ce qui indique sa rareté. Dans de futures recherches il serait intéressant d’examiner l’impact de l’anglicisation des francophones louisianais plus jeunes sur ces deux phénomènes.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010