Numéro |
2010
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Numéro d'article | 092 | |
Nombre de pages | 14 | |
Section | Pluri-thématique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010245 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Le verbe modal pouvoir et la règle de conversion complémentaire
Université de Neuchâtel, Espace Louis-Agassiz, 1, 2000 Neuchâtel, Suisse
Contact : cecile.barbet@unine.ch
Dans cet article nous revenons sur l’hypothèse, déjà ancienne mais qui n’a jamais été remise en cause, de Sueur selon laquelle « la conversion complémentaire est, en définitive, le sens ultime de pouvoir » (1983 : 176). En d’autres termes, on ne pourrait donc employer le verbe modal pouvoir que si la non-réalisation de l’acte p est considérée comme non-exclue. Le sens ultime, commun à tous les emplois de pouvoir, son invariant sémantique donc, serait ainsi la possibilité bilatérale, le possible bilatéral étant ce qui est ni impossible ni nécessaire. Dans une première partie descriptive et théorique, nous montrons que tous les emplois, notamment sporadiques et « discursifs » (Le Querler 1996), ne respectent pas nécessairement la règle de conversion complémentaire. Pouvoir est un terme scalaire, qui génère, quand le contexte le permet, une inférence scalaire telle que possible mais pas certain (ou probable). Le débat qui oppose les chercheurs en pragmatique concerne la question de savoir si ces implicatures scalaires sont des implicatures particularisées, c’est-à-dire dépendantes du contexte (cf. Carston, 1990 ou Sperber & Wilson 1986/1995), ou généralisées, c’est-à-dire générées par défaut indépendamment du contexte (cf. Levinson, 2000). Dans la seconde partie, nous présentons les résultats d’une expérience qui compare les temps de traitement de pouvoir dans des occurrences où l’implicature scalaire est générée (possibilité bilatérale) et les temps de traitement d’occurrences du modal dans lesquelles l’implicature scalaire n’est pas générée (possibilité unilatérale). Les résultats montrent que les énoncés dans lesquels pouvoir génère une implicature scalaire, les temps de réaction des participants sont supérieurs, ce qui permet de faire l’hypothèse que le sens par défaut du modal n’est pas la possibilité bilatérale qui réclame un effort de traitement supplémentaire par rapport à la possibilité unilatérale.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010