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Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 088
Nombre de pages 18
Section Discours, pragmatique et interaction
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08088
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08088

Constructions inachevées et transfert du tour de parole

G. Schmale

schmale@univ-metz.fr

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
Compte tenu du caractère dialogique de l’interaction verbale l’analyse conversationnelle (ethnométhodologique) attache une importance primordiale à l’étude de l’organisation de l’alternance des locuteurs qui constitue la base du développement conversationnel à tous les niveaux de la constitution de l’interaction verbale. Le « turn-taking » repose en grande partie sur les « unités » employées par les locuteurs dans la construction de leur tour de parole, types d’unités que les conversationnalistes américains situaient avant tout au niveau syntaxique, en particulier de la phrase. Sur la base de deux corpus de conversations téléphoniques, la présente contribution étudie l’organisation de l’alternance en présence de constructions syntaxiquement inachevées. L’analyse élucide à travers un examen détaillé des facteurs prosodiques, co- et contextuels de telles séquences comment et pourquoi un interlocuteur peut prendre la parole alors que la dernière unité de construction du tour de parole du partenaire d’interaction reste inachevée. Il s’avère qu’au détriment de la complétude syntaxique les interactants agissent avant tout en fonction de la possibilité de produire une activité suivante conforme aux attentes – interprétées – du partenaire d’interaction, auteur de l’énoncé inachevé. En présence de certains indicateurs prosodiques (intonation invariable, allongements de sons du dernier constituant, pauses) une construction inachevée peut alors être considérée comme unité de construction à part entière à la fin de laquelle se trouve un point de complétude possible qui correspond, certaines conditions respectées, à un point pertinent à la transition pour entraîner effectivement une prise de parole sans turbulences et sans problèmes d’intercompréhension. Cela signifie que la conception syntaxique des « unit-types » doit être élargie au profit d’une approche multifactorielle tenant non seulement compte d’éléments sémantiques, prosodiques, pragmatiques, séquentiels, contextuels ainsi que du savoir partagé permettant aux participants de déterminer les unités de construction, les points de complétude possibles et les points pertinents à la transition.



© Institut de Linguistique Française 2008