Numéro |
2010
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Numéro d'article | 080 | |
Nombre de pages | 12 | |
Section | Linguistique du texte et de l'écrit, stylistique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010040 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Les discours directs libres dans la prose narrative de Stendhal
Université Charles de Gaulle-Lille 3, 88 rue de la Villette, 75019 Paris, France
Contact : christelle.reggiani@gmail.com
Des énoncés où l’expression de la pensée d’un personnage surgit immédiatement (« librement ») dans un contexte narratif sont nombreux dans les récits de Stendhal, en particulier dans Le Rouge et le Noir – même s’ils ont été identifiés tardivement (Booker 1985). Un lecteur d’aujourd’hui y reconnaît des occurrences de « discours direct libre », parfaitement conformes à la définition qu’en donne l’ouvrage de référence de Laurence Rosier : « Le discours direct est libre parce qu’il n’est pas introduit pas un verbe, ni marqué typographiquement, mais il est contextuellement signalé » (Rosier 1999 : 295-296). Or, si l’on suppose ce lecteur quelque peu averti de l’histoire des formes discursives – en l’occurrence énonciatives – un tel constat est pour le moins surprenant, l’usage du discours direct libre restant, dans la langue littéraire, sporadique avant le XXe siècle. Il peut, alors, sembler tentant de rapprocher cette liberté discursive de la facture de certains romans contemporains, formellement identique, pour faire de ce phénomène la manifestation énonciative de la modernité d’écriture généralement reconnue à Stendhal – modernité en l’occurrence superlative puisqu’elle reconduirait à la figure mystérieuse du précurseur. C’est contre une telle intuition, et la fausse séduction qu’elle peut exercer, que l’on voudrait s’élever dans cette communication. On se propose plus précisément, après avoir rappelé brièvement l’histoire des usages littéraires du discours direct libre, d’en examiner précisément l’économie stendhalienne – en se limitant aux deux grands romans achevés, qui mettent au premier plan la vie intérieure des personnages – pour esquisser, in fine, quelques réflexions théoriques sur le type d’historicité qu’engage l’histoire de la langue.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010