Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 224 | |
Nombre de pages | 14 | |
Section | Syntaxe | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08271 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08271
La relation de limitation et d'exception dans le français d'aujourd'hui: 'excepté', 'sauf' et 'hormis' comme pivots d'une relation algébrique
P. Ruozzi paola_ruozzi@libero.itPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Lanalyse des emplois prépositionnels et des emplois conjonctifs d excepté, de sauf et d hormis permet denvisager les trois prépositions/conjonctions comme le pivot dun binôme, comme la plaque tournante dune structure bipolaire. Placées au milieu du binôme, ces prépositions sont forcées par leur sémantisme originaire dûment métaphorisé de jouer le rôle de marqueurs dinconséquence systématique entre lélément se trouvant à leur gauche et celui qui se trouve à leur droite. Lopposition qui surgit entre les deux éléments nest donc pas une incompatibilité naturelle, intrinsèque, mais extrinsèque, induite. Dans la plupart des cas (emplois limitatifs), cette opposition prend la forme dun rapport entre une « classe » et le « membre (soustrait) de la classe », ou bien entre un « tout » et une « partie » ; dans dautres (emplois exceptifs), cette opposition se manifeste au contraire comme une attaque de front portée par un « tout » à un autre « tout ».
De plus, linconséquence induite mise en place par la préposition/conjonction paraît, en principe, tout à fait insurmontable. Dans lassertion « les écureuils vivent partout, sauf en Australie » (que lon peut expliciter par « Les écureuils vivent partout, sauf [quils ne vivent pas] en Australie »), la préposition semble en effet capable dimpliquer le prédicat principal avec signe inverti, et de bâtir sur une telle implication une sorte de sous énoncé qui, à la rigueur, est totalement inconséquent avec celui qui le précède (si « les écureuils ne vivent pas en Australie », le fait quils « vivent partout » est faux). Néanmoins, lanalyse montre qualors que certaines de ces oppositions peuvent enfin être dépassées, dautres ne le peuvent pas. Cest, respectivement, le cas des relations limitatives et des relations exceptives. La relation limitative, impliquant le rapport « tout » - « partie », permet de résoudre le conflit dans les termes dune somme algébrique entre deux sous énoncés pourvus de différent poids informatif et de signe contraire. Les valeurs numériques des termes de la somme étant déséquilibrées, le résultat est toujours autre que zéro. La relation exceptive, au contraire, qui nimplique pas le rapport « tout » - « partie », nest pas capable de résoudre le conflit entre deux sous énoncés pourvus du même poids informatif et en même temps de signe contraire : les valeurs numériques des termes de la somme étant symétriques et égales, le résultat sera toujours équivalent à zéro.
© Institut de Linguistique Française 2008