Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 037 | |
Nombre de pages | 16 | |
Section | Diachronie, histoire de la langue | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08206 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08206
Les subordonnées asyndétiques en ancien français
J. Glikman jglikman@u-paris10.frPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
En ancien français, il existe des cas de propositions apparemment subordonnées mais non introduites par un marqueur de subordination de type conjonction ou pronom relatif. On parlera ici de subordonnées asyndétiques (désormais SA). Les grammairiens signalent lexistence de ce phénomène, et ce dans différents types de subordonnées (voir, par exemple, Foulet 1928, Buridant 2000, Ménard 1988
), mais sans toujours en faire une analyse approfondie. Par ailleurs, ce phénomène, donné comme typique de lancien français, aurait disparu par la suite (Marchello-Nizia 1979, Marchello-Nizia 1998). Nous avons voulu nous intéresser de plus près à ce phénomène, qui par sa nature même permet dinterroger des notions de base comme la subordination et la question de lévolution du français. En effet, quel est le statut de ces SA ? Sagit-il vraiment de subordonnées, et, dans ce cas, cela ne remettrait-il pas en cause limportance accordée traditionnellement aux conjonctions de subordination ? Quels sont leur place et leur fonctionnement dans le système de lancien français ? Dautre part, comment expliquer leur apparente disparition ?
Pour répondre à ces questions, nous avons procédé au dépouillement dune vingtaine duvres de type divers, ce qui nous a permis de relever cent quatre-vingt dix cas de SA. Bien que de premiers résultats ressortent de ce corpus, il faut cependant, pour mieux comprendre ce phénomène, procéder à une analyse plus fine de son fonctionnement. Il faut en effet le mettre également en perspective avec la langue de luvre dans laquelle il se trouve. Dans le cadre de cette étude, nous avons pour cela choisi détudier en détail les SA dans une seule uvre : le Roman de Renart. Trois axes se dégagent de lanalyse : la question de la nature du lien reliant ces couples de propositions, pour établir si lon peut parler à juste titre de subordination ; les particularités et caractéristiques des SA dans le texte ; enfin, la façon dont ce phénomène peut être rapproché de certaines constructions en français moderne. Le phénomène des SA na donc peut-être pas disparu, mais dans ce cas sagit-il dune réapparition, ou dune continuité dexistence ?
Lapproche diachronique des SA permet de mesurer, dans lhistoire du français, la part de changement et de permanence, dans lintrication de faits liés à la syntaxe, à la communication (oral vs écrit) et à la typologie textuelle.
© Institut de Linguistique Française 2008