Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 032 | |
Nombre de pages | 13 | |
Section | Diachronie, histoire de la langue | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08161 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08161
La pragmaticalisation de ladverbe enfin du point de vue des romanistes (« Enfin, de celui des francisants qui conçoivent leur recherche dans le cadre de la linguistique romane »)
E. Buchi and T. Städtler eva.buchi@atilf.frthomas.staedtler@urz.uni-heidelberg.de
Publié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Sur la base dune analyse philologique des données françaises depuis le Moyen Âge, complétée par la comparaison intra-romane, cette communication propose un nouveau scénario de léchelonnement diachronique des principaux emplois de enfin, quil sagisse de ses deux valeurs grammaticales (enfin temporel et enfin aspectuel) ou de ses six valeurs pragmatiques (enfin épistémique, récapitulatif, énumératif, rectificatif, performatif et réprobateur) :
1. Madame Lepic sert elle-même les enfants, dabord grand frère Félix parce que son estomac crie la faim, puis sur Ernestine pour sa qualité daînée, enfin Poil de Carotte qui se trouve au bout de la table.
2. Il regarda son fils pendant longtemps, et lui dit enfin dune voix affaiblie : Ernest, mon enfant, tu es bien jeune ; mais tu as bon cur
3. Pourquoi nest-ce pas à moi quon vous adresse ? Mais je verrai bientôt si vous me convenez : car enfin, cest à moi que vous appartenez, et vous êtes vraiment entrée à mon service.
4. Ne ma-t-il pas appris la musique, le dessin, la grammaire, enfin tout ce que je sais ?
5. Il y a à Paris trois polices : primo : la police du royaume [
] secondo : celle du régent [
] enfin celle de Dubois.
6. Autour de vous, vos camarades sont tous pareils ? Tous
enfin, tous ceux qui existent, qui réfléchisssent.
7.
et quant à ma pauvre Virginie, elle veut aller vivre dans notre château de Lorraine, chez mon père, avec son tourment. Enfin !
Elle a son petit pour la consoler !
8. Enfin, cest inadmissible : quest-ce que vous fabriquez ici à cette heure ?
De façon quelque peu inattendue, ce travail invite en outre à proposer une étymologie inédite pour le marqueur enfin : contrairement à ce qui est affirmé par les ouvrages de référence, enfin ne semble pas représenter un composé formé en français, mais appartenir au lexique héréditaire.
© Institut de Linguistique Française 2008