Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 031 | |
Nombre de pages | 12 | |
Section | Diachronie, histoire de la langue | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08296 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08296
Les disparitions de formes sont-elles des épiphénomènes ?
C. Badiou-Monferran c.badiou.monferran@free.frPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Dans la plupart des études de linguistique diachronique, comme dans les ouvrages théoriques afférents, les phénomènes dobsolescence et les disparitions de formes sont considérés comme des épiphénomènes, et sont traditionnellement rapportés à un autre fait de changement. Dans le prolongement de Marchello-Nizia (2006 : 102-104), nous faisons apparaître sur quatre exemples (disparition du coordonnant ne au profit de ni ; disparition de ains au profit de mais rectificatif ; disparition ou obsolescence de adonc et lors au profit de donc et alors ; disparition de ni moi aussi au profit de ni moi aussi) les limites dune telle approche. Puis nous montrons, à linverse, dans quelle mesure les exemples de disparition retenus font émerger certains des nouveaux « paramètres », au sens de Lightfoot (1991), introduits à des époques différentes dans la structure même du système grammatical du français. La démantèlement du doublet ne-ni signale ainsi selon nous léviction dun paramètre organisationnel, de type sémantico-logique, au profit dun paramètre fonctionnel. La disparition de ains indexe pour sa part lémergence dune nouvelle strate de hiérarchisation des parties du discours. Si nos analyses sont vraies, léviction de lors-adonc au profit de alors-donc signale la prise en compte dune composante anaphorique latente dans la relation de discours « cause-conséquence ». Enfin, lobsolescence de ni moi aussi au bénéfice de ni moi non plus indexe un nouveau rapport dimplication entre le plan de la cohésion et le plan de la cohérence. En conclusion, nous tentons desquisser un « scénario de survie » pour lune des formes obsolescentes étudiées (en loccurrence, le forclusif négatif ni).
© Institut de Linguistique Française 2008