Numéro |
2010
|
|
---|---|---|
Numéro d'article | 008 | |
Nombre de pages | 15 | |
Section | Diachronie | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010079 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Architecture des gloses dans la première traduction en français de La Cité de Dieu (avant 1380)
Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française, 44 Av De La Libération - Bp 30687
54063 Nancy Cedex
Contact : marta.andronache@atilf.fr
Le but de notre contribution est de mettre en évidence la nouveauté que la première traduction en français de l’œuvre de saint Augustin, La Cité de Dieu, effectuée avant 1380 par Raoul de Presles, apporte sur le plan du lexique et de la construction du discours. Les gloses et les reprises paraphrastiques qu’il intègre à sa traduction de La Cité de Dieu contiennent l’amorce d’un discours argumentatif savant en français, qui se faisait traditionnellement en latin auparavant, et qui engendre des changements importants au niveau sémantique, syntaxique et lexical. Cette réflexion nous permettra d’aborder de manière succincte l’analyse des modifications que Raoul de Presles fait intervenir au niveau lexical et macrostructurel du discours, ce qui ouvre aux linguistes un large champ d’études. Notre démarche sera la suivante : montrer comment dans son effort d’intégrer son propre discours argumentatif dans le texte même de la traduction, le traducteur affirme une langue vernaculaire savante plus spontanée qui s’allège dans son expression par rapport à la langue des traductions du latin et qui gagne en souplesse et en qualités communicatives auprès de son public. Nous appuyons notre analyse sur quelques exemples de changements sémantiques, syntaxiques et lexicaux dus à une émancipation de l’emprise du latin à travers les gloses et les reprises paraphrastiques. En conclusion, nous considérons que la langue de la traduction de Raoul de Presles s’affirme par une expression plus spontanée qui annonce le passage à une production littéraire rédigée directement en langue française qui aura lieu dès le premier quart du 15e siècle. À travers une traduction orientée plutôt vers la compréhension que vers une traduction mot à mot, les reprises paraphrastiques ne sont pas un hasard. Il s’agit à ce niveau d’un discours bien structuré, d’une rhétorique travaillée et d’un lexique adapté, ce qui nous conduit à constater l’existence d’une véritable architecture des gloses et des paraphrases dans la traduction de La Cité de Dieu.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010