Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 130 | |
Nombre de pages | 9 | |
Section | Linguistique du texte et de lécrit, stylistique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08137 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08137
Les dislocations dans la prose littéraire des années 1920
S. Smadja stephanie.a.smadja@wanadoo.frPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Dans les années 1920, la phrase de « nouvelle prose française » se caractérise par une discontinuité qui traverse tous les courants novateurs en prose - à lexception de Proust. En décembre 1919, Thibaudet, dans un article consacré à Giraudoux, souligne lexistence dun « art du discontinu, un art dintensités fragmentaires, de notes locales, dinstants uniques et aigus, un art tout opposé à cette ligne, à cet oratoire, à ce substrat qui jusquici, tant chez les classiques que chez les romantiques, avaient paru une condition élémentaire de luvre » (1919, 1066), dont lorigine, selon Thibaudet, remonte aux Goncourt. Dans quelle mesure la discontinuité constitue-t-elle, dans limmédiat après-guerre, une caractéristique de la modernité, en opposition à une rhétorique sans cesse rejetée ? Pour répondre à cette question, il convient de considérer à la fois la représentation de la discontinuité en prose, cest-à-dire la façon dont cet « art du discontinu » est perçu et décrit par les contemporains, et les procédés décriture qui en relèvent. En effet, une description précise des représentations contemporaines peut conférer une assise pertinente à létude linguistique de la prose littéraire, dans la perspective dune histoire de la langue littéraire. Dans les années 1920, la discontinuité est perçue comme relevant du refus de la rhétorique, de louverture à la langue parlée et linfluence des formes poétiques. Parmi les procédés relevant de la discontinuité syntaxique, les extractions ne sont pas fréquentes dans la nouvelle prose des années 1920, les dislocations relèvent de louverture à la langue parlée et des recherches en direction dun rythme propre à loral, dune part, et dun artefact doralité dautre part. Ces deux phénomènes ne se situent pas exactement sur le même plan. Dans lensemble, le travail sur la déformation de la syntaxe reste très fin, la discontinuité est recherchée, mais sans effet trop appuyé. Ainsi, les dislocations jouent-elles un rôle informationnel majeur et un rôle prosodique important dans la phrase de prose des années 1920.
© Institut de Linguistique Française 2008