Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 206 | |
Nombre de pages | 16 | |
Section | Syntaxe | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08210 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08210
Deux constructions à SN antéposé en français
A. Abeillé, D. Godard and F. Sabio abeille@linguist.jussieu.frdgodard@linguist.jussieu.fr
frederic.sabio@orange.fr
Publié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Nous contrastons deux constructions fréquentes en français parlé qui comportent un SN antéposé, auquel correspond un objet vide dans la phrase (les exemples sont essentiellement tirés des corpus Corpaix et du CRFP) :
(1) Les conjugaisons j'aimais bien.
(2) Dix-sept ans il a.
Nous montrons que du point de vue syntaxique, on doit analyser (1) comme une dislocation avec un pronom nul, et (2) comme une extraction. Du point de vue sémantique, les constructions de type (1) dénotent une proposition catégorique, dont le contenu du SN antéposé constitue le thème, tandis que celles de type (2) dénotent une proposition thétique (donc, dépourvue de thème). De plus, la construction (1) dénote une proposition générale (elle n'implique pas l'existence d'un événement particulier, ni celle d'un objet particulier), ce qui n'est pas le cas de la construction (2). Les deux constructions ne se distinguent pas du point de vue de la structure informationnelle (en termes du contraste focus vs fond), l'objet antéposé pouvant dans les deux cas avoir des statuts informationnels variés. En revanche, il est remarquable que (2) corresponde toujours à un énoncé (elle n'est pas enchâssable) et du point de vue dialogique à une assertion de reprise. Nous formalisons les propriétés caractéristiques de chaque construction dans la grammaire syntagmatique HPSG, qui est bien adapté à lexpression de contraintes dinterface.
© Institut de Linguistique Française 2008