Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 129 | |
Nombre de pages | 12 | |
Section | Linguistique du texte et de lécrit, stylistique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08089 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08089
Analyse (trans)textuelle d'un objet discursif complexe: le feuilleton journalistique
F. Revaz francoise.revaz@unifr.chPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Analyser le feuilleton journalistique impose une réflexion théorique sur l'unité de cet objet discursif complexe. En effet, le feuilleton de la presse quotidienne est une narration composée d'une série de textes (articles) disjoints dans le temps et dans l'espace. Cette fragmentation peut sembler, au premier abord, menacer son unité narrative. Mais on constate, à la lecture, que chaque article d'un nouvel épisode tisse des liens avec les autres articles pour former finalement une structure narrative complète et un tout de sens. Deux types de liens sont mis en oeuvre: des liens co-textuels (horizontaux) entre les articles successifs qui constituent la structure narrative du feuilleton et des liens intertextuels (verticaux) entre l'article d'un épisode et ce qui a déjà été dit ou écrit jusque-là dans les autres médias (journaux concurrents, télévision, radio, blogs, etc.). L'unité du feuilleton peut ainsi être définie comme une unité "(trans)textuelle".
Le but de l'article est double. Tout d'abord, il s'agira de mettre en évidence les opérations linguistiques de segmentation et de liage qui contribuent à la structuration et à la cohérence de l'unité feuilleton, au-delà de l'espace limité du texte (article) de l'édition quotidienne. A ce propos, plusieurs marques linguistiques (temps verbaux ou anaphores, par exemple), traces de ces opérations, seront repérées dans la titraille de quelques feuilletons récents. Ensuite, on montrera la spécificité narrative de cette unité qui, bien que présentant une structure d'intrigue avec un noeud et un dénouement, se distingue des intrigues canoniques de l'Histoire ou de la littérature par sa construction au jour le jour, dans un rapport temporel à l'événement quasi immédiat. Le croisement de ces deux perspectives montrera que, pour aborder le feuilleton journalistique, une re-définition des notions de "texte" et de "récit", plus souple, plus ouverte et plus dynamique, s'avère indispensable.
© Institut de Linguistique Française 2008