Numéro |
2010
|
|
---|---|---|
Numéro d'article | 138 | |
Nombre de pages | 17 | |
Section | Syntaxe | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010251 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Le complément de la localisation spatiale : entre argument et adjoint
Langues, textes, traitement informatique, cognition, 1 Rue Maurice Arnoux 92120 Montrouge
Contact : anne.carlier@univ-valenciennes.fr
Quoique la distinction entre argument et adjoint ait une longue tradition grammaticale et s’appuie sur des critères généralement acceptés, il s’avère souvent difficile de déterminer le statut précis du complément de la localisation spatiale par rapport à cette distinction. Le complément de la localisation spatiale, tout en étant caractérisé par une certaine liberté du point de vue de sa forme, peut être soumis à des contraintes de présence et de position. Afin de comprendre ces contraintes, il convient de distinguer trois niveaux d’analyse et de dégager leur articulation. Le premier niveau est celui de la structure argumentale du verbe en tant qu’unité du lexique. En combinaison avec les verbes marquant la position ou le déplacement de leur sujet, sans préciser la manière du mouvement, le complément locatif, sans être obligatoirement exprimé, présente néanmoins un lien de cohésion fort avec le verbe, ce dont témoigne la contrainte positionnelle. Si l’on admet qu’un élément non instancié mais nécessairement défini soit un argument, il convient d’admettre que tous les verbes de ce groupe ont une position argumentale locative. Le deuxième niveau est celui de la construction verbale. De l’examen de l’inversion locative et la construction impersonnelle se dégage que cette dernière construction peut exiger la présence d’un complément locatif, ce qui peut être expliqué à partir de son rôle existentiel. Cette contrainte se manifeste même auprès de verbes dépourvu d’argument locatif, ce qui montre donc la prédominance de la structure argumentale associée à la construction par rapport à celle associée au verbe. Compte tenu du rôle existentiel de l’impersonnel, nous abordons enfin les contraintes provenant de la fonction pragmatico-discursive de l’énoncé : les énoncés qui ont pour fonction de poser l’existence d’une entité référentielle expriment très souvent cette opération en affirmant que cette entité est dans l’espace. Aussi le complément locatif peut-il revêtir un caractère obligatoire et être contraint positionnellement dans les phrases à sujet indéfini. Le rôle fondamental de l’espace dans la prédication d’existence permet de comprendre pourquoi l’adverbe de localisation spatiale est un élément constitutif du prédicat d’existence dans la plupart des langues. Nous retracerons le processus de figement du prédicat d’existence il y a « pronom explétif sujet + ADV LOC + avoir + objet » du français et, en le comparant avec le prédicat d’existence de l’italien c’è/ ci sono « ADV LOC + être + sujet », nous rendrons compte de sa forme spécifique.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010