Numéro |
2010
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Numéro d'article | 089 | |
Nombre de pages | 11 | |
Section | Phonétique, phonologie et interfaces | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010249 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Français et créole : contact de langues aux Antilles
Indiana University, Memorial Hall 322, 1021 E. Third street, Bloomington, IN, IN 47405, USA
Contact : iiskrova@indiana.edu
Cet exposé examine le contact entre français et créole aux Antilles, en se basant sur le cas de la Guadeloupe. L'hypothèse soutenue est que le contact prolongé entre ces deux langues a entraîné l'assimilation d'un certain nombre de traits créoles dans la variété régionale de français parlée aux Antilles. Après un survol de quelques caractéristiques partagées entre les deux langues, l'exposé se concentre sur la réalisation des contours intonatifs en créole guadeloupéen et en français antillais. Je propose d'abord une description du système intonatif en créole. Les données pour cette étude furent collectées en Guadeloupe auprès de locuteurs ayant grandi dans des foyers monolingues. Les données ont fait l'objet d'une analyse instrumentale dans le cadre de la phonologie autosegmentale-métrique, initialement développée par Pierrehumbert et Beckman. Parmi les caractéristiques saillantes de ce système on peut signaler la succession d'un mot prosodique marqué avec une montée en syllabe finale immédiatement suivi d'un mot marqué par un début en ton haut, suivi d'une descente sur la pénultième. Ces proéminences en position finale et pénultième ponctuent le discours en créole. L'examen de discours spontané en français antillais montre que les locuteurs antillais font un usage étendu de la même structure avec montée en finale suivie d'une descente dans le mot suivant. Il est particulièrement intéressant de remarquer que ce patron intonatif accroît le nombre de proéminences en début et milieu de mot en français antillais, ce qui le distingue particulièrement du français de l'Hexagone. Les similarités entre créole et français antillais s'expliquent par deux facteurs. D'abord un fond commun provenant du français colonial a servi de base à la formation du créole. Il est aussi l'ancêtre du français antillais. Par ailleurs, cependant, il est fortement possible qu'il y a eu des reports de traits du créole au français par des générations d'Antillais monolingues à la naissance, qui n'acquéraient le français que dans le cadre scolaire en tant que langue seconde.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010