Numéro |
2010
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Numéro d'article | 056 | |
Nombre de pages | 8 | |
Section | Histoire, épistémologie, réflexivité | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010212 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Les créoles français sont-ils des langues néo-romanes?
Paris 3, 19 rue des bernardins, 75005 paris, France
Contact : magensie@yahoo.fr
L’unique consensus pour définir les langues créoles est la prise en compte des éléments sociohistoriques que R. Chaudenson (2003) désigne comme constituant l’état civil : le lieu (majoritairement des îles), la date (Le XVIIème et le XVIIIème) et les parents (les langues en contact). Les traits typologiques proposés ne semblent guère satisfaire les créolistes et il ne semble davantage plus facile de les classer génétiquement. En 1883 Adam Lucien désignait le créole de la Guyane comme une langue Négro-Aryenne. Suzanne Sylvain (1936) puis Claire Lefebvre (1998) ont établi une correspondance entre les langues africaines et le créole haïtien. En 1936, comme pour prendre le contre-pied des travaux de Sylvain, Jules Faine défend la thèse opposée, celle de l’étymologie française, voire normande du créole haïtien. En 2006, S. Mufwene relance le débat en posant la question du classement généalogique des langues créoles dans son article « les créoles : de nouvelles variétés indo-européennes désavouées? » publié dans les actes du colloque Créolisation linguistique et Sciences humaines par les Presses Universitaires Haïtiano-Antillaises. Cette situation dit à quel point il est difficile de définir et de classer les langues créoles. Elles semblent diverger de la lignée des langues parentes et apparaissent comme une catégorie à part. Pourtant, F. Brunot (1935) n’hésite pas à classer les créoles français dans la droite lignée de la langue française dans son « Histoire de la langue française », quelques 14 ans plus tôt A, Meillet (1921) s’exprimait déjà en ces termes : « Le créole de la Réunion ou de la Martinique est du français imparfait […] Il subsiste toujours dans le système nouveau une portion notable du système ancien et le peu que le créole a de grammaire est de la grammaire française. » S’il est vrai que les créoles sont nés de contact de langues, le français est lui aussi né de contact linguistique. Or, -et c’est là la question que pose S. Mufwene (2007)- pourquoi cette différence de traitement entre ces deux langues ? Hagège (1998), Degraff (2003), Mufwene (2005), (2007) et Véronique (2007) affirment que ces positions sont dues à des applications dans le champ linguistique des théories néo-darwiniennes. Faut-il désigner toutes les langues issues de contact comme créoles ou ‘réintégrer’, rattacher les créoles dans la droite lignée des langues européennes (par exemple) ?
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010