Numéro |
2010
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Numéro d'article | 057 | |
Nombre de pages | 13 | |
Section | Lexique et morphologie | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010205 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Le statut de -clé et de sleutel- dans mot-clé et sleutelwoord : une analyse unifiée?
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Savoirs, Textes, Langage, Domaine Universitaire Du Pont De Bois
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Nous nous proposons d’étudier le statut de clé, de sleutel, et accessoirement de key, dans des séquences de la forme N-clé, sleutel-N et key-N, cf. par ex. dans mot-clé, sleutelwoord, key word : est-ce que ce sont des noms, des adjectifs ou des affixoïdes (au sens de Booij, par ex. Booij 2008) ? Ces constituants ont-ils le même statut dans les trois langues ? Pour mener notre étude, effectuée principalement dans une perspective comparative entre le français et le néerlandais, nous nous appuierons sur les travaux de Denison (2001) et L’heureux (2008) à propos de key, et nous montrerons que clé, comme key en anglais, peut assumer des emplois adjectivaux et que les séquences N-clé sont beaucoup moins cohésives que celles du néerlandais : clé peut notamment être modifié par un adverbe comme absolument (cf. c’était un moment absolument clé), ce qui n’est pas le cas avec les séquences en sleutel-N, par ailleurs, et ce n’est pas indépendant, sleutel ne peut assumer d’emplois adjectivaux. De ce fait, il est difficile de considérer que les séquences étudiées sont construites de la même manière dans les trois langues : si celles du néerlandais peuvent être construites par la morphologie (elles peuvent être analysées comme des idiomes constructionnels dans lesquels sleutel joue le rôle d’un affixoïde (cf. Booij 2008)), les séquences du français (et de l’anglais), peu cohésives, peuvent difficilement être analysées comme telles : plusieurs hypothèses sont alors formulées, qui intègrent une perspective diachronique : les séquences seraient (i) des patrons syntaxiques en voie de « morphologisation », (ii) des patrons de composition, les emplois adjectivaux seraient alors dus à un phénomène de « dégrammaticalisation » à partir de ceux-ci ; (iii) deux processus d’évolutions parallèles pourraient avoir conduit d’une part à la formation des séquences N-clé, d’autre part aux emplois adjectivaux. Ces hypothèses demanderont à être, ou non, validées par un travail diachronique sur corpus dans un prochain travail.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010