De l’intransitivité à la transitivité indirecte. Et si le dictionnaire et la grammaire parlaient à l'unisson ?

¹ Université du Québec à Montréal, Département de linguistique, Montréal, QC, Canada CP 8888
² Université de Sherbrooke, Faculté des lettres et sciences, Sherbrooke, QC, Canada J1K 2R1

Contact : piron.sophie@uqam.ca

Résumé

La théorie grammaticale concernant le classement des verbes, notamment ceux qui présentent un complément prépositionnel, a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Lorsqu’un complément est requis par le verbe, celui-ci est maintenant considéré comme étant transitif indirect, plutôt qu’intransitif comme c’était autrefois le cas. Les dictionnaires ont intégré fort partiellement les changements proposés, ce qui donne lieu à un flottement important dans l’attribution des catégories grammaticales attribuées aux constructions verbales avec préposition. Le passage de la théorie à la pratique présente des difficultés, puisqu’il suppose une identification et une réanalyse de l’ensemble des verbes touchés. Après avoir exposé l’évolution des classements verbaux dans les grammaires depuis la fin du XIXe siècle, nous présenterons la conciliation entre la théorie et la pratique proposée par le Dictionnaire de la langue française : le français vu du Québec à travers les principaux cas de transfert de l’intransitivité à la transitivité directe : obligatoire sémantique pour tout le verbe (avec préposition fixe ou non) ou pour certains sens du verbe et facultatif syntaxique avec préposition fixe ou non. De façon à faire le pont entre la grammaire traditionnelle et la grammaire nouvelle, ce dictionnaire en cours d’élaboration identifie chaque construction touchée et informe le lecteur à l’aide d’une remarque de l’analyse de cette construction en fonction de la grammaire nouvelle.