Numéro |
2010
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Numéro d'article | 016 | |
Nombre de pages | 14 | |
Section | Diachronie | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010219 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Modeling the Semantic and Pragmatic Evolution of ne … pas in French
Le cours de l'évolution sémantique et pragmatique de ne... pas
Saint John's University, 39-65 51st Street, Apt. 3B, Woodside, NY 11377, USA
Contact : grvsmth@panix.com
Résumé
L’assemblage de variétés linguistiques connu sous le nom de « français standard » a évolué au fil du temps : en ancien français on employait le mot « ne » seul en position préverbale, puis la construction composée « ne … pas », et maintenant « pas » seul en position postverbale. C’est un des exemples les plus connus du cycle de Jespersen (Jespersen 1917, Dahl 1979), et un des changements syntaxiques les plus connus dans la langue française. Yvon (1960) et autres en a fait l’objet des études de petit corpus en ancien français, et Martineau et Mougeon (2003) aux débuts du français moderne. Ashby (1981, 2001) a étudié les étapes récentes d’une perspective variationniste. Schweighäuser (1858) a tracé les origines des formes négatives en français à des substantifs exprimant « un objet d’une valeur nulle ou très-minime ». Selon Schwenter (2006), ces expressions avaient la fonction de « rejeter une implicature » par l’invocation des modèles scalaires dans la pensée du locuteur. Schwenter prétend que dans l’étape suivant de la négation dite « renforcée », on employait les constructions composées pour rejeter une présupposition, et plus tard pour la négation descriptive simple. Pour une étude de la négation en français, j’ai assemblé un corpus de textes dramatiques en français, de la pièce la plus ancienne (ca. 1160) au début du vingtième siècle. Même dans le douzième siècle, les dramaturges employait ne … pas pour rejeter une présupposition, mais non plus pour rejeter une implicature ou indiquer un objet de valeur minime. On arrive donc à l’hypothèse que dans ce corpus il y a un seuil où on commence à employer « ne … pas » pour exprimer la négation descriptive. J’ai relevé toutes les instances de négation déclarative de phrase dans le corpus, et je les ai classifiées comme rejetant une présupposition, niant une phrase d’une façon descriptive (il y a aussi un petit nombre de phrases qui servent à rejeter une proposition explicite), ou bien ambigües entre les deux interprétations. Avant le XVIIe siècle, la grande majorité des négations descriptives et les phrases ambigües employaient le mot « ne » seul, et les rejets de présupposition s’exprimaient avec une des constructions composées. Dès le XVIIe siècle, les dramaturges commencent à employer « ne … pas » de plus en plus, dans les phrases ambigües d’abord, et puis dans les négations descriptives.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010