Numéro |
2010
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Numéro d'article | 060 | |
Nombre de pages | 15 | |
Section | Lexique et morphologie | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010154 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Les noms en -ance/-ence du français : quel(s) patron(s) constructionnel(s)?
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Savoirs, Textes, Langage, Domaine Universitaire Du Pont De Bois
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Alors que quelques travaux relativement récents portent sur la suffixation en ant du français, la suffixation en ance/-ence, notée désormais Ance, n’a suscité quasiment aucun travail de recherche à part entière. Or, les données extraites des dictionnaires ou recueillies sur la Toile permettent a priori de dégager quatre patrons d’analyse pour les noms en Ance du français : – analysabilité à partir d’un adjectif de la forme Xant/Xent (désormais noté XAnt) où X est un verbe : (1) aberrance (aberrant / aberrer) ; condescendance (condescendant / condescendre) ; rutilance (rutilant / rutiler) Le nom en Ance exprime alors tendanciellement, à la façon d’un nom, le même caractère, la même qualité que l’adjectif en Ant correspondant. Par exemple, le Trésor de la Langue Française (TLF) définit rutilance par « Caractère de ce qui est rutilant, d’un rouge éclatant ou de tons lumineux ». – analysabilité à partir d’un adjectif de la forme XAnt dépourvu de verbe correspondant, au moins en synchronie : (2) belligérance (belligérant) ; intermittence (intermittent) ; latence (latent) Le nom en Ance a la même valeur sémantique que dans le cas précédent, à ceci près que l’adjectif n’est pas issu du participe présent d’un lexème verbal français (par exemple, intermittence : « Caractère de ce qui est intermittent »). – analysabilité à partir d’un verbe sans médiation par une étape adjectivale : (3) accoutumance (accoutumer) ; espérance (espérer) ; guidance (guider) ; préférence (préférer) Le nom en Ance est alors un nom de procès, et constitue parfois un doublet d’un nom processif en ion (culminance/culmination ; irradiance/irradiation) et/ou age (débectance/débectage/débectation) formés sur le même verbe. – analysabilité à partir d’un nom de la forme XAnt : (4) gérance (gérant) ; lieutenance (lieutenant) ; présidence (président) Le nom en Ance désigne alors la fonction ou la charge exprimée par le lexème-base, éventuellement le lieu où elle s’exerce, ainsi que sa durée. L’objectif de la présente recherche est de détailler chacun de ces patrons d’analyse et d’évaluer leur disponibilité en synchronie afin de vérifier si l’on assiste bien actuellement à la reviviscence du suffixe –ance.. Pour ce faire, nous examinerons dans un premier temps les données du TLF. Dans un second temps, nous discuterons les données observables récoltées sur la Toile et absentes du TLF pris comme représentant des dictionnaires de langue générale, selon un protocole que nous définirons alors.
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