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Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 123
Nombre de pages 10
Section Linguistique du texte et de l’écrit, stylistique
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08086
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08086

Style et génétique

A. Herschberg

ahp@club-internet.fr

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
L’on souhaite réfléchir à « la spécificité des faits de discours écrit qui motiverait une "linguistique de l’écrit" » , à partir de l’approche génétique et stylistique des textes. L’étude des manuscrits de travail a ouvert un champ de possibles pour l’étude transformationnelle de la genèse des textes littéraires et non littéraires. Cette communication sera centrée plutôt sur le style littéraire, lié à la notion d’œuvre avec toute l’incertitude de ses frontières, et elle propose plusieurs voies d’analyse stylistique de la genèse. Une première voie, en quelque sorte générique, consiste à développer une stylistique transformationnelle portant sur les transformations des états successifs du texte qui suppose une approche dynamique du style comme mise en forme de l’œuvre. Une approche plus spécifique, liée à la première, incite à construire une stylistique de l’inachevé, compris d’une part comme l’inabouti, ce qui est l’acception courante, mais aussi comme ce qui est en cours, comme le mouvant. Cette approche vise à étudier les manifestations stylistiques de dominantes en interaction : les styles du virtuel, du multiple, du suspens, du métamorphique et du passage, liés à la présence d’une temporalité ouverte qui caractérise le temps de la genèse. Mais il importe aussi de s’intéresser non plus seulement aux transformations successives des états de la genèse, mais aux styles mêmes de la genèse, dans la spécificité de leur relation aux étapes du travail de l’écriture, variables selon les auteurs, et les œuvres : citons par exemple les styles des notes, les styles du scénarique. Ces styles se caractérisent par une forte hétérogénéité, liée à la dimension plurielle de l’espace-temps de la genèse, qu’il convient d’analyser. On soulignera, dans l’espace de ces pages, l’importance de l’hétérogénéité graphique, le fort lien du visible et du lisible, et la présence d’une vocalité dans le soulignement flaubertien des assonances ou dans certains usages des blancs stendhaliens caractéristiques d’une « diction graphique » (L. Marin). L’écrit des manuscrits de travail permet encore de lire de façon spécifique la présence de figures énonciatives du scripteur, instances intermédiaires entre la biographie et la fiction, démultipliées dans commentaires marginaux. Loin d’effacer la voix de la socialité, les effets de dialogisme et de polyphonie inscrivent la résistance aux stéréotypes et le dialogue avec le déjà écrit ou le déjà dit, et ils anticipent aussi dans le manuscrit, à travers l’auto-censure et l’inscription du lecteur, les effets de réception du texte en cours.



© Institut de Linguistique Française 2008