EDP Sciences logo
Web of Conferences logo
Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 168
Nombre de pages 14
Section Psycholinguistique, acquisition
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08034
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08034

Littéracie, SMS et troubles spécifiques du langage écrit

T.M. Tran, M. Trancart and D. Servent

thimai.tran@univ-lille2.fr

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
Les SMS (Short Message Service) correspondent à des petits messages écrits de 160 caractères maximum envoyés d’un téléphone portable à un autre. Ce mode de communication écrite issu de la téléphonie mobile s’est développé au cours des années 1990 et a connu par la suite un essor considérable, touchant toutes les couches de la population et plus particulièrement la population adolescente. La pratique des SMS a donné naissance à une écriture expressive, abrégée et phonétique s’éloignant à bien des égards des usages orthographiques habituels. Dans ce travail, nous nous interrogeons sur la possibilité, pour des collégiens et lycéens en difficultés avec l’écrit traditionnel, d’accéder à cet outil et de s’approprier des pratiques scripturales largement investies par leur génération. En effet, l’écriture SMS recourrant à de nombreux procédés phonographiques, on peut se demander ce qu’il en est des usages des jeunes présentant des troubles phonologiques dans le cadre, par exemple, de troubles spécifiques du langage écrit. Pour mieux appréhender cette question, nous avons comparé les performances de 12 jeunes dyslexiques et de 12 jeunes non dyslexiques dans des tâches de lecture et d’écriture de SMS. Les premiers résultats de ce travail exploratoire montrent des performances assez comparables entre les deux groupes de sujets et témoignent d’une utilisation fonctionnelle relativement satisfaisante de l’écrit SMS par les adolescents dyslexiques. Même si ceux-ci rencontrent des difficultés dans la réalisation de ces deux tâches (lecture plus lente et persistances d’erreurs en écriture), leurs difficultés sont moins importantes dans les tâches de production et de réception des messages SMS que dans les situations d’écrits traditionnels qui stigmatisent habituellement leurs troubles. Nous émettons l’hypothèse que le codage SMS favorise chez ces sujets le développement de stratégies sémiographiques. Quoi qu’il en soit, nous constatons que l’écrit SMS pénalise moins les adolescents dyslexiques : il autorise un rapport à l’écrit décomplexé et favorise l’intégration sociale en réduisant le handicap dans cette situation particulière de communication écrite.



© Institut de Linguistique Française 2008