Numéro |
2010
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Numéro d'article | 102 | |
Nombre de pages | 14 | |
Section | Psycholinguistique et acquisition | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010090 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Le fonctionnement des anaphores dans les textes oraux et écrits en français d’enfants bilingues et monolingues
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Linguistique, Didactique et Francophonie (EA 4305 Université de Rouen), 80 rue du Blanc Soleil, 78650 BEYNES, France
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Dynamique Du Langage, Institut Des Sciences De L'Homme
14 Avenue Berthelot
69363 Lyon Cedex 07
Contact : mehmet-ali.akinci@ish-lyon.cnrs.fr
Les études portant sur le fonctionnement des anaphores ont été nombreuses au cours des vingt dernières années (De Weck, 1991 ; Corblin, 1995, 2005 ; Hickmann, 2004, entre autres). Dans son étude du développement des processus anaphoriques, De Weck (1991) montre que le fonctionnement anaphorique diffère en fonction de l’âge, mais aussi en fonction du type de texte. Elle note que « la maîtrise du fonctionnement anaphorique, observée dans les textes de type histoire, ne se généralise pas d’emblée aux textes discursifs. Plus précisément, à un même degré scolaire, on observe des décalages très nets entre les différents types de texte, certains n’étant même pas totalement maîtrisés à 14 ans, comme les textes argumentatifs » (1991 : 309). Dans cet article, nous étudions le fonctionnement des anaphores dans des textes narratifs et expositifs produits en français par des enfants bilingues franco-turcs âgés de 10 ans et par leurs pairs monolingues français. L’étude porte sur 48 sujets scolarisés au CM2 et d’origine socio-économique défavorisée. Chaque sujet a produit 4 textes variant du point de vue du mode de production (oral ou écrit) et du type textuel (narratif ou expositif). Les questions auxquelles nous avons tenté d’apporter des réponses sont les suivantes : 1) Les sujets monolingues et bilingues scolarisés au CM2 ont-ils les mêmes usages des anaphores ? 2) Existe-t-il une différence entre les types de textes narratif et expositif ? 3) La modalité orale ou écrite influence-t-elle l’usage des procédés anaphoriques ? Nos résultats sur la densité anaphorique montrent que chez les sujets bilingues franco-turcs la densité anaphorique globale est légèrement supérieure à celle obtenue pour l’ensemble des textes des monolingues. Les deux populations se comportent par ailleurs de manière similaire quant aux effets liés à l’ordre de passation ou la modalité. Une différence apparaît par contre en fonction du type de texte, les textes narratifs présentant une densité anaphorique plus élevée chez les sujets monolingues, tandis que la densité anaphorique est supérieure chez les bilingues franco-turcs dans les textes expositifs. Nous confirmons par là même l’absence de différence dans les productions en français des enfants monolingues français et bilingues franco-turcs : les enfants de même milieu socio-culturel ont des comportements langagiers d’utilisation des anaphores similaires, qu’ils soient monolingues ou bilingues.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010