Numéro |
2010
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Numéro d'article | 104 | |
Nombre de pages | 17 | |
Section | Psycholinguistique et acquisition | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010111 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Eveil de la conscience grammaticale chez un enfant français entre 18 mois et 3 ans
Modèles, Dynamiques, Corpus, Université Paris 10
bâtiment A - Bureau 402 A
200, Avenue De La République
92001 Nanterre Cedex
Contact : marie.leroy@parisdescartes.fr
Acquérir la grammaire, c’est apprendre notamment à maîtriser l’usage des marqueurs morphologiques de sa langue maternelle. On peut expliquer la façon dont l’enfant accède à la morphologie de plusieurs manières, reflétées dans différents courants théoriques. Selon nous, à la suite notamment d’auteurs comme Tomasello (2003), l’enfant construit par lui-même un système de relation entre forme et fonction, de manière progressive, à partir de son observation de l’input langagier, l’objectif étant de repérer et de combiner de petits éléments (morphèmes) à l’intérieur de structures ou constructions grammaticales. Les stratégies d’entrée dans la grammaire sont différentes selon les enfants, certains partant des petits éléments (style analytique), et d’autres privilégiant des « blocs » (style global) (Nelson, 1981). A la suite de nombreuses études en acquisition du langage (cf. notamment Slobin 2001, Bowerman 1985, Clark 2001), nous partirons des « erreurs » ou « écarts » de l’enfant, comme marques de son processus de construction de la langue. Nous procéderons dans cet article à une analyse longitudinale de certains phénomènes remarquables dans le langage d’un enfant français entre 18 mois et 3 ans – les erreurs de genre sur les articles et l’expression de la possession – afin de tenter de comprendre, d’une part, la stratégie utilisée par l’enfant (globale ou analytique), et d’autre part de tester l’hypothèse de la grammaire de construction de Tomasello (2003). Nos premières observations nous permettent de repérer dans les « erreurs » de l’enfant les traces d’une analyse de la langue, d’un processus de construction progressif, et un va-et-vient entre une stratégie globale dans laquelle l’enfant repère et utilise des blocs sans les analyser, et une stratégie analytique, avec une maîtrise progressive de certains morphèmes et de leur complexité syntaxique et sémantique.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010