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Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 164
Nombre de pages 14
Section Psycholinguistique, acquisition
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08170
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08170

Le pointage chez l'enfant: du gestuel au linguistique

A. Morgenstern, M. Leroy and E. Mathiot

Aliyah.morgenstern@ens-lsh.fr
emmanuelle.mathiot@univ-lille3.fr

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
Certains gestes conventionnels apparaissent très tôt chez l’enfant, notamment le pointage observable avant l’âge de douze mois, peu de temps avant les premiers mots. Selon Cabrejo Parra (1992), ce geste représente une condition nécessaire à la construction du langage car il donne à l’enfant la possibilité de désigner un objet en tant que lieu d’attention partagée et d’échange avec l’adulte. L’objet montré prend un statut particulier puisque le geste de pointage accompagné du regard le distingue de son environnement (Bruner 1983). L’enfant réalise ainsi une première opération de symbolisation dans un « meeting of minds » (Tomasello 1999) avec l’adulte. Pour Clark (1978), les déictiques verbaux employés plus tard par l’enfant sont en continuité naturelle avec le pointage. Le passage de la communication pré-linguistique à la communication linguistique se ferait ainsi sans heurt ni difficulté. Selon cette perspective, le pointage correspondrait à un mécanisme de transition au cours de l’acquisition du langage qui favoriserait en particulier l’accès à la combinatoire (Bates et al. 1977). On observe cependant que la communication gestuelle ne disparaît pas totalement avec l’apparition du langage (Marcos 1998). Elle est même largement utilisée par les adultes en complémentarité avec les productions verbales (Guidetti 1998). En tant que linguistes travaillant sur le langage de l’enfant, il nous paraît particulièrement important de mettre l’accent sur les gestes pré-verbaux et sur la prosodie des premières vocalisations. Notre travail sur le pointage chez l’enfant s’inscrit donc dans la continuité des travaux des vingt dernières années en linguistique française qui s’appuient désormais davantage sur des corpus oraux et donnent une plus grande place à la fois au posturo-mimo-gestuel et à l’intonation. Nos premières analyses des données montrent que les pointages sont d’emblée accompagnés de vocalisations : le gestuel et le verbal sont donc associés et complémentaires. Un relevé de tous les pointages et de la prosodie des vocalisations qui les accompagnent nous permet d’analyser leurs fonctions en contexte. Traditionnellement, les chercheurs attribuent deux fonctions au pointage (Guidetti 2003) : il peut être directif (demander un objet convoité) ou assertif (établir l’attention conjointe). Nous revoyons de près cette première catégorisation, en parallèle avec le rôle du regard et des vocalisations en nous appuyant sur un examen minutieux des productions des enfants en situation.



© Institut de Linguistique Française 2008