Numéro |
2010
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Numéro d'article | 124 | |
Nombre de pages | 19 | |
Section | Sociolinguistique et écologie des langues | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010258 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
« Quand t’es super bobo »… La deuxième personne générique dans le français parisien des jeunes
PRAXILING UMR5267, 17 Rue Abbé De L'Epée
34090 Montpellier
Contact : jeanne-marie.barberis@univ-montp3.fr
Les indices personnels d’allocution, tu et vous, habituellement qualifiés de déictiques, peuvent prendre une valeur non spécifique, dans certains contextes. On parle alors de 2ème personne générique. L’emploi que nous cherchons à définir ne concerne que les formes à référent singulier. L’une des caractéristiques de ces emplois est précisément qu’ils passent par la singularité pour atteindre un effet de généralisation. Notre étude privilégiera les emplois conversationnels de la 2ème personne, en français parisien, à l’époque contemporaine. En voici un exemple : [1] spk4 : non mais quand t'es super bobo c'est c' qu La deuxième personne génériquee j' disais tout à l'heure avec euh + quand t'es super bobo tu fais tes courses de base chez Lidl mais quand même y a les produits H et M qui sont des euh Monoprix qui sont des must have L’intervention de la locutrice spk4 s’insère dans un échange dialogal qui se déroule dans les formes habituelles. L’introduction des énoncés à la 2ème personne par un subordonnant temporel (quand…) ouvre la description d’un cas de figure, défini par une propriété : être super bobo. On a bien affaire à un phénomène de généralisation, qui présente cependant la particularité de se greffer sur une instance singulière, tu. Les données sont extraites d’un corpus de français parlé parisien (corpus CFPP2000), dont la partie déjà outillée est disponible sur site (http://ed268.univ-paris3.fr/syled/ressources/Corpus-Parole-Paris-PIII/). L’article propose, dans sa dernière partie, une analyse exploratoire partielle de ce corpus. Les conclusions livrent l’état actuel de la recherche, que nous espérons poursuivre et compléter, dans le cadre d’un travail collaboratif. Nous tenterons une explication linguistique de l’effet de généricité particulier aux formes allocutives étudiées, ainsi que du dispositif énonciatif qui les caractérise. L’étude travaillera ensuite sur la mise en discours de la 2ème personne générique, et proposera une rapide synthèse des travaux développés sur corpus (au Canada, en France) dans une perspective variationniste. La dernière section se consacre à l’étude du corpus parisien. Nous tentons de proposer quelques hypothèses explicatives, pour rendre compte de l’utilisation du tu générique chez de jeunes locuteurs, et particulièrement chez une interviewée, qui montre une fréquence élevée d’utilisation du tu générique, et qui se situe elle-même dans la catégorie des bobos.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010