Numéro |
2010
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Numéro d'article | 082 | |
Nombre de pages | 10 | |
Section | Linguistique du texte et de l'écrit, stylistique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010097 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Le système appositif dans L'Amant, La Pluie d'été, L'Amant de la Chine du Nord de Marguerite Duras
Université Paris 3, 1 rue Clovis, 75005 Paris, France
Contact : sandrineluigi@free.fr
Le détachement appositif de type nominal et adjectival est massivement présent dans l’œuvre romanesque de Marguerite Duras, notamment à partir de L’Amant (1984). De fait, ce roman consacre l’avènement de l’« écriture courante », conçue comme une réponse à la difficulté suivante : alors que l’auteur accorde une primauté absolue aux mots en tant qu’unités lexicales, ces derniers ne parviennent pourtant pas à rendre compte de l’expérience singulière de ses personnages. Dans ce contexte, le système appositif constitue une des solutions paradoxales à ce problème, puisque c’est un travail sur la syntaxe qui lui permet de mettre en place une véritable stratégie de la nomination. Tout d’abord, nous verrons que l’écriture courante va inscrire l’apposition au cœur du processus créatif durassien par une écriture de l’urgence et de la vitesse. Par la réduction syntaxique qui la régit, par les catégories micro et macrosémantiques qu’elle croise, l’apposition adjectivale sert alors une esthétique de la notation et de la réduction. Cette logique d’économie verbale se retrouve également dans un cas particulier d’apposition substantivale récurrent, qui signe sémantiquement et syntaxiquement l’ambiguïté des rapports entre personnages. Ensuite, nous envisagerons comment la stratégie de la nomination s’accompagne d’un surmarquage et d’une valorisation de la lexie. D’une part, les constructions non standard permettent d’observer comment, en jouant sur la complexité de la relation appositive, le segment apport est souligné. D’autre part, l’étude de la ponctuation est l’occasion de repérer la mise en saillance de certains termes par un travail aux limites de la notion d’apposition et de phrase. Bref, c’est une véritable réinvention de la langue durassienne qui se donne à lire dans le traitement de l’apposition qui, plus qu’un stylème, devient une signature stylistique.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010