Numéro |
2010
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Numéro d'article | 100 | |
Nombre de pages | 11 | |
Section | Psycholinguistique et acquisition | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010071 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Le rôle de la structure informationnelle dans l’interprétation d’une anaphore pronominale inter-phrastique en Français
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Structure formelle du langage : typologie et acquisition, metrique et poétique,
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Laboratoire de psychologie expérimentale, Institut De Psychologie
71, Avenue Edouard Vaillant
92100 Boulogne Billancourt
Contact : saveria.colonna@univ-paris8.fr
Dans cette étude, nous nous intéressons aux processus d’interprétation d’un pronom anaphorique ambigu tel que « il » dans la phrase « Pierre a frappé Jean quand il était jeune ». Alors qu’en allemand on observe que le pronom ambigu est préférentiellement relié au premier référent mentionné, « Pierre », en français, il est préférentiellement relié au second référent, « Jean ». Pour rendre compte de la préférence pour le premier référent, on peut postuler qu’il est préféré parce que c’est le sujet de la proposition principale et/ou le topique de la phrase. En allemand, la structure informationnelle est principalement exprimée en faisant varier l’ordre des mots, alors qu’en français, l’ordre des mots étant beaucoup plus rigide, on doit utiliser des constructions spécifiques telles que les dislocations ou les clivées. Par conséquent, la première position dans la proposition est beaucoup plus marquée comme étant la position du topique en allemand qu’en français. Même si dans toutes les langues, il est vrai qu’on préfère relier un pronom anaphorique ambigu au topique, il se peut qu’en français, en l’absence de topicalisation explicite, un autre facteur, tel que le rôle grammatical, prenne le pas sur la structure informationnelle et détermine la résolution anaphorique. La préférence pour le second référent serait, dans ce cas, une préférence pour l’objet spécifique au français. Pour tenter de mettre au jour les facteurs responsables de la préférence pour le second nom observée en français, nous avons réalisé une série de questionnaires ainsi qu’une expérience avec le paradigme du monde visuel dans lesquelles nous manipulions le statut informationnel et le rôle grammatical du premier référent. Les résultats révèlent d’une part un effet de la structure informationnelle : on préfère un référent topicalisé à un référent focalisé et d’autre part, un effet du rôle grammatical : on préfère relier le pronom anaphorique à l’objet plutôt qu’au sujet de la proposition principale.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010