Numéro |
CMLF 2008
2008
|
|
---|---|---|
Numéro d'article | 020 | |
Nombre de pages | 14 | |
Section | Conférences plénières | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08339 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08339
Une science du langage pour une science de lhumain
J.-P. Bronckart Jean-Paul.Bronckart@pse.unige.chPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Pour le courant interactionniste social auquel nous adhérons, le langage constitue le facteur décisif de lémergence et du développement des modalités spécifiquement humaines de fonctionnement psychique et social. Dans cette perspective, les sciences du langage occupent nécessairement une position nodale dans le concert des sciences humaines et le propos de cette conférence sera de discuter des conditions sous lesquelles elles seraient à même de jouer ce rôle décisif.
Pour ce faire, nous procéderons dabord à un bref examen des orientations épistémologiques prises par la linguistique aux cours des dernières décennies, discutant dune part du statut du projet chomskyen, analysant dautre part lhétérogénéité théorique des multiples autres courants ayant vu le jour depuis un demi-siècle. Nous exposerons ensuite ce qui nous paraît constituer la question centrale dune science intégrée de lhumain, à savoir la problématique des conditions délaboration et de développement dun espace gnoséologique en permanence accessible et dynamique. Nous commenterons alors un ensemble dapports décisifs à la clarification de cette problématique, issus de luvre de Saussure (son analyse des rapports entre langue et discours dune part, sa description des opérations constitutives des signes dautre part), de luvre de Voloshinov (son approche des discours comme lieux intermédiaires entre ordre du social et ordre du psychologique), ainsi que des divers travaux contemporains visant à décrire larchitecture interne des textes. Pour clore, après avoir montré que lanalyse saussurienne du statut des signes fournit des éléments essentiels à la compréhension des conditions de constitution du psychisme humain, nous évoquerons deux axes de recherche qui nous paraissent devoir sinscrire dans le prolongement de cette démonstration : le premier ayant trait au rôle que joue la maîtrise des relations prédicatives dans le développement des opérations cognitives de base ; le second ayant trait au rôle que joue la maîtrise de certains mécanismes de textualisation dans le développement des diverses formes de raisonnement.
© Institut de Linguistique Française 2008