Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 019 | |
Nombre de pages | 16 | |
Section | Conférences plénières | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08338 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08338
Histoires de mots : affinités (s)électives
P. Blumenthal peter.blumenthal@uni-koeln.dePublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Les problèmes discutés dans cette contribution, repris périodiquement sous divers aspects depuis les origines de notre discipline au XIXe siècle, concernent la combinatoire des mots, question à la fois syntaxique, sémantique et pragmatique. Comment décrire et essayer dexpliquer la tendance profonde de toutes les unités lexicales à se combiner de façon plus ou moins stéréotypée sur laxe syntagmatique ? Selon les écoles, on qualifie les principes sur lesquels reposent ces préférences sémantiques de « phraséologiques » ou d« idiomatiques », à moins quon ne fasse appel aux concepts de « collocation » ou d« expression figée » termes aussi vagues quindispensables, dont nous tenterons de mettre en relief le soubassement statistique.
Si lapproche quantitative permet de mieux circonscrire que les méthodes traditionnelles les véritables enjeux de la recherche en combinatoire, elle ne saurait pour autant constituer quun préalable empirique à lanalyse nécessairement qualitative des conditions expliquant notre propension à associer les mots selon certains schémas, voire à « parler et écrire en enfilant des clichés » (Ch. Bally). Notre enquête part donc de données textuelles empiriques, essentiellement du « profil combinatoire » dun mot quelconque (son voisinage spécifique, calculé par rapport à un certain corpus électronique). Elle nous conduit vers la définition de quelques-unes des sources qui alimentent la combinatoire stéréotypée du mot, sources réputées extralinguistiques comme la doxa ou le savoir encyclopédique, ou sources linguistiques comme le « potentiel catégoriel » (les composantes sémantiques essentielles du mot). Ce rapprochement entre profil combinatoire et contenu du mot reprend lidée de J. R. Firth selon laquelle « on reconnaît un mot à ses fréquentations » ; mais au-delà de cet apport sémantique ou lexicographique, il semble susceptible de faire voir sous un jour nouveau certains concepts fondamentaux et traditionnels de la théorie du langage, tels que la « connexion » de L. Tesnière et, à travers elle, la « forme interne » (ou « intérieure ») de la langue selon W. v. Humboldt, ancêtre de la grammaire cognitive.
© Institut de Linguistique Française 2008