EDP Sciences logo
Web of Conferences logo
Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 187
Nombre de pages 18
Section Sémantique
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08135
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08135

Les phrases nominales événementielles exprimant une valeur affective

M. Kaneko

kaneko06@cc.okayama-u.ac.jp

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
Cette étude soutient, inspirée par l’analyse de Portner & Zanuttini (2005) sur les phrases nominales exclamatives (ex. « The things that he ate! »), que les phrases nominales événementielles du français (ex. « Michel qui est mort ! ») ne sont pas des phrases elliptiques dont le thème ou le rhème implicites sont contextuellement récupérés, mais des phrases indépendantes dont l’ensemble est focalisé. L’argumentation s’appuie sur une comparaison avec la particule de focus du japonais « nante » qui implique le mot WH « nan » ‘quoi’. L’hypothèse principale est que les phrases nominales événementielles transmettent, juste comme la particule de focus « nante », une valeur affective (ex. étonnement, désaccord, regret, contraste, etc.) par les quatre étapes suivantes: i) la syntaxe du focus donne lieu à deux composants de la sémantique du focus (i.e. proposition focalisée et ensemble de propositions contrastées (Alternative Set)) ; ii) étant donné le contexte d’énonciation ou par l’ouï-dire, le locuteur apprend que la proposition focalisée est vraie dans le monde actuelle (=la factivité) ; iii) l’ensemble de propositions contrastées (équivalent à l’ensemble d’ensembles de mondes possibles) est contextuellement restreint de la même façon que les expressions modaux : il reflète ainsi les croyances ou les souhaits du locuteur (comme dans les cas de modalités doxastique ou boulétique), le déroulement naturel de l’état de choses (comme dans les cas de modalité stéréotypique), etc. ; iv) la factivité et l’ensemble de propositions contrastées engendrent pragmatiquement, de la façon analogue aux questions rhétoriques, une implicature de négation, selon laquelle la proposition focalisée n’est vraie dans aucun monde accessible qui fait partie des propositions contrastées. L’hypothèse proposée permet par ailleurs, en invoquant un opérateur WH implicite ou explicite, de saisir un point commun entre les phrases nominales exprimant un contraste (ex. « Nous sommes à la gare, déjà ! Moi qui avais encore tant de choses à vous conter ») et le conjonctif concessif quoique (ex. « Quoiqu’il pleuve, il sort. ») qui contient le mot WH « quoi ».



© Institut de Linguistique Française 2008