Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 216 | |
Nombre de pages | 10 | |
Section | Syntaxe | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08125 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08125
Un ensemble heteroclite: les adverbes de degre en francais
D. Gaatone dgaatone@post.tau.ac.ilPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
On reconnaît généralement dans les grammaires françaises, à l'intérieur du vaste ensemble des adverbes, souvent considéré comme une classe fourre-tout, une sous-classe d'adverbes de degré, c'est-à-dire de mots qui servent à situer un objet sur une échelle dimensionnelle. Le trait sémantique de degré entre, comme trait unique, ou comme l'un des traits, du sens de nombreuses unités lexicales et revêt, de ce fait, une importance considérable pour le lexique. La sous-classe ainsi délimitée rassemble des quantifieurs et des intensifieurs, quelquefois classés dans des ensembles différents. Les données linguistiques, entre autres, le fait que la plupart des adverbes de degré remplissent les deux fonctions, semblent montrer que la notion de degré recouvre aussi bien la quantité que l'intensité, qui ne seraient dès lors que des effets de sens, induits par la nature de l'objet mesuré. Il s'avère cependant que l'inventaire traditionnel de ces adverbes, une quarantaine d'unités, plus une longue liste d'adverbes en -ment, fonctionnant aussi comme adverbes de degré, n'est pas vraiment homogène du point de vue sémantique, ni du point de vue syntaxique. Au plan sémantique, on y trouve des mots qui renvoient effectivement à la mesure comme beaucoup, et donc distingueront un degré élevé, moyen et faible, mais aussi des mots qui ne font référence qu'à la comparaison de degrés , comme plus, ou à la conformité du degré avec un étalon donné, tel que assez, ou encore à l'impression que peut faire un degré élevé sur le locuteur, tel que si. Au plan syntaxique, on constate que la distribution de certains adverbes, et en particulier des paires synonymiques beaucoup/très, autant/aussi/ tant/si, est régie, en partie du moins, par la nature syntaxique des mots modifiés, mais est très souvent imprévisible. Est aussi largement imprévisible la compatibilité des adverbes de degré entre eux. À la limite, chaque adverbe de degré doit être décrit séparément avec ses propriétés syntaxiques spécifiques. Autrement dit, l'appartenance à une classe, sur la base du seul trait de degré, ne suffit pas à prédire le comportement syntaxique des éléments. Les adverbes de degré forment un ensemble en réalité hétéroclite, qui ne présente en tout cas pas l'homogénéité qu'on voudrait lui prêter.
© Institut de Linguistique Française 2008