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Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 196
Nombre de pages 17
Section Sémantique
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08103
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08103

Se faire + infinitif : valeurs pragmatico-énonciatives d’une construction « agentive »

C. Veecock

luenavee@yahoo.ca

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
Dans « Roland s’est fait soigner par un excellent médecin » (Gaatone, 1983 : 165), l’apparente ambiguïté ou flexibilité interprétative réside dans la manière dont Roland est construit. On peut peut-être offrir la paraphrase que Roland a été soigné par un excellent médecin. Cependant, on perd sensiblement des informations sur le degré d’implication de Roland dans le fait qu’il soit soigné. C’est ainsi que dans la littérature française, la construction en se faire + infinitif est fréquemment dénommée « passive » soit comme construction soit comme une de ses interprétations possibles. Ce point reste l’unique point de consensus parmi le foisonnement de traitements de la construction où peuvent figurer des dénominations diverses comme « factitif réfléchi », « construction factitive pronominale », « causatif pronominal », « périphrase verbale passive », « constructions verbales en se faire », « construction pronominale réfléchie », « causatifs réfléchis », etc. La perspective grammairienne rapproche systématiquement la construction se faire + infinitif à la construction passive canonique en être. L’approche linguistique étant moins catégorique, on se demande dans quelles conditions un sens passif est sanctionné. Les différentes analyses s’orientent ainsi autour de l’axe sémantique ou syntaxique. Notre hypothèse est que la construction en se faire + infinitif est une construction agentive. Par agentivité, nous entendons le mode d’implication d’un sujet animé dans un processus. Pourtant l’agentivité est terme évoquant plusieurs notions complémentaires telles que « responsabilité », « volonté » et « intentionnalité », souvent discutées dans la littérature. Dans notre perspective, ces notions sont périphériques à l’agentivité primaire du sujet animé entrant dans la construction, c’est-à-dire une agentivité dépourvu de la volonté du sujet veut dire que le sujet est construit indifféremment en train de faire quelque chose. L’appréciation de l’énonciateur en terme d’attribution d’une responsabilité vient alors accessoirement. La construction se faire + infinitif véhicule indiscutablement des valeurs allant de la passivité à la causativité et à l’agentivité. Cependant se faire + infinitif engage dorénavant des paramètres d’agentivité et de subjectivité. Ces valeurs pragmatico-énonciatives la distinguent significativement du passif canonique en être.



© Institut de Linguistique Française 2008