Numéro |
2010
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Numéro d'article | 103 | |
Nombre de pages | 11 | |
Section | Psycholinguistique et acquisition | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010124 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Contextes de production et LAE en français : caractéristiques pragmatiques et syntaxiques
Dynamique Du Langage, Institut Des Sciences De L'Homme
14 Avenue Berthelot
69363 Lyon Cedex 07
Contact : sophie.kern@univ-lyon2.fr
Un déséquilibre au profit des noms est observé dans les productions enfantines dans un certain nombre de langues dont le français. Une explication avancée est celle de l’influence de l’input qui favoriserait la production de noms, en particulier dans les langues considérées comme orientées vers les noms (noun-friendly). L’objectif de ce travail est de vérifier cette préférence pour les noms dans le discours maternel de mères françaises. 20 dyades mère-enfant (âge moyen des enfants : 23 mois) ont été enregistrées au cours de deux contextes de production différents : la lecture partagée d’album sans texte et le jeu avec une maison de poupée. Un premier codage pragmatique révèle un effet du contexte communicatif sur le type d’intentions communicatives réalisées par les mères : les énoncés orientés vers les objets sont plus nombreux en lecture d’album alors que ceux orientés vers les actions sont plus présents au cours du jeu avec la maison de poupée. La préférence des mères francophones pour les objets et les personnes (vs. les actions) est invalidée puisque elles attirent l’attention de leur enfant sur des réalités différentes en fonction de la situation. Ainsi, même si les mères françaises parlent une langue que l’on peut considérer comme orientée vers les noms, le contexte de production semble jouer un rôle plus important. Le contexte communicatif joue également un rôle sur les éléments qui sont placés en position finale et en position initiale d’énoncés: la proportion de verbes en position finale et initiale est plus importante en contexte de maison de poupée que de lecture d’album. Dans les trois cas, les verbes sont davantage placés en position saillante dans la situation de jeu que dans la situation de lecture partagée. La préférence des mères françaises pour les noms est remise en question. Il semblerait en effet que les contextes de production jouent un rôle plus essentiel sur le choix des intentions communicatives à exprimer ainsi que sur le choix des outils linguistiques invoqués pour les réaliser que les caractéristiques typologiques et fonctionnelles de la langue employée. En outre, ces résultats nous obligent également à repenser le lien possible entre input et acquisition. Sans aller jusqu’à le nier complètement, il faudrait peut-être l’envisager de manière moins directe ou encore de manière décalée dans le temps.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010