Numéro |
2010
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Numéro d'article | 038 | |
Nombre de pages | 19 | |
Section | Didactique et enseignement, français langue maternelle, français langue seconde | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010242 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Développer les capacités de reformulation chez les maîtres de l'école de base en contexte subsaharien
Modèles, Dynamiques, Corpus, Université Paris 10
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92001 Nanterre Cedex
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Dans la multitude d'écrits sur les difficultés des systèmes scolaires subsahariens et les façons de faire progresser l'école dans ces contextes plurilingues, l'un des facteurs évoqués est la faiblesse de la formation des maitres, tant pédagogique que dans la maitrise de la langue d'enseignement. Nous nous attachons ici à un aspect des comportements langagiers de ces maitres en classe : la résistance à la reformulation. Cette tendance peut s'expliquer, en partie, par les limitations du répertoire linguistique des maîtres, mais elle relève aussi d'une conception des connaissances scolaires comme devant se formuler d'une unique façon, celle du manuel et des questions d'examen. Et il ne s'agit pas tant d'un phénomène d'insécurité linguistique que d'une conception de l'éducation scolaire comme reposant sur la mise en mémoire de la parole exacte qui s'impose à tous, une tendance à la ‘littéralité’ des textes de savoir. Les reformulations sont alors vues comme des étapes nécessaires mais à dépasser pour aboutir à la formulation stabilisée seule souhaitée, qui est à mettre en mémoire. Ces pratiques ont des conséquences non négligeables en ce qui concerne les apprentissages chez les enfants, tant pour l'appropriation de la langue, qui suppose la capacité de faire varier les formulations en fonction des contextes, des points de vue et des effets pragmatiques, que pour celle des connaissances en jeu. Nous allons nous focaliser pour le présent travail sur les reformulations à l’oral entre maîtres et élèves en classe au primaire à l’école subsaharienne, dans les systèmes dits ‘classiques’, où seul le français a droit de cité, et qui ignorent la situation de plurilinguisme du milieu. Nous montrerons qu’en fait, ce n’est pas tant le manque de reformulations qui est en cause, que le profil des activités de reformulation, du point de vue de leurs types linguistiques – ce qui amènera à proposer d’insister dans la formation des maîtres sur ces types, mais surtout du point de vue de leurs fonctions, et de leur insertion dans un parcours cognitif de construction de savoirs langagiers et disciplinaires. Là aussi, l’analyse débouche sur des propositions concernant la formation initiale et continue des maîtres.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010