Numéro |
2010
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Numéro d'article | 118 | |
Nombre de pages | 23 | |
Section | Sémantique | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010056 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
« Un X peut en cacher un autre » : étude ethnosyntaxique
Macquarie University, Dept of International Studies, NSW 2109 Sydney, Australie
Contact : Bert.Peeters@mq.edu.au
L'âge et la résonance familière de l'avertissement « Un train peut en cacher un autre » sont à la base de deux développements ultérieurs. D’une part, un second sens s’est manifesté, qui coexiste aujourd’hui avec le sens original (que véhiculent les panneaux de la SNCF). D’autre part, sur le modèle du « train qui peut en cacher un autre » se créent aujourd'hui toutes sortes d’expressions dans lesquelles, au nom "train", se substitue un autre nom, ce qui permet soit d’annoncer le sujet dont on va parler en réalité (« je ne vais pas parler de X, mais de X’, que X dérobe à la vue »), soit d’assurer la cohérence du discours (« je viens de parler de X, maintenant je passe à X’, que X dérobait à la vue »). Ces expressions continuent à évoquer l’avertissement original : il s’est développé une structure syntaxique productive. La productivité ne s’arrête pas à la possibilité d’avoir un nom plutôt qu’un autre dans la structure « Un X peut en cacher un autre ». L’un des objectifs de la présentation est d’explorer l’étendue et les conséquences de la productivité d’une structure qui, au départ, n’avait rien de productif. Un autre objectif est de dégager de cette productivité une hypothèse relative aux valeurs culturelles enracinées dans la psyché française. Les principales étapes de l'argumentation seront appuyées d'explicitations qui recourent à la métalangue sémantique naturelle (méthode de description sémantique élaborée par Anna Wierzbicka, Cliff Goddard et d'autres).
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010