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Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 093
Nombre de pages 9
Section Histoire, épistémologie, réflexivité
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08333
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08333

L'idée de grammaire philosophique : grammaire des formes et grammaire des concepts cohérents

M. Prandi

michele.prandi@unibo.it

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
Le développement des courants fonctionnels et cognitifs en linguistique a poussé au premier plan la question du statut des concepts et des modèles cognitifs, de leur relation avec les structures formelles de la langue et de leur rôle dans la mise en place et dans le fonctionnement des expressions signifiantes complexes. Pour aborder cette question, il faut sortir de l’alternative entre l’idée d’une forme linguistique qui forme une matière conceptuelle amorphe, typique des approches formelles, et l’idée d’une langue purement instrumentale vis-à-vis des structures conceptuelles et des fonctions sociales, typique des approches fonctionnelles. Surtout, il faut mettre entre parenthèses le présupposé commun, à savoir l’idée qu’un seul principe actif règle l’expression linguistique. En fait, les formes spécifiques d’une langue donnée et les structures conceptuelles partagées interagissent de façon active et créatrice, donnant lieu à une phénoménologie assez riche de points d’équilibre qui s’ouvre à l’étude empirique. Le noyau de la phrase est le royaume des formes pures : un réseau de relations grammaticales impose un moule formel aux concepts convoqués. Dans les couches périphériques de la phrase et dans la connexion transphrastique, au contraire, l’expression linguistique se met au service de relations conceptuelles accessibles indépendamment. Dans ce cas, le codage est une grandeur graduée, qui connaît plusieurs issues, distribuées entre sous-codage, codage adéquat et surcodage. En cas de sous-codage, l’expression n’est pas en mesure de coder une relation conceptuelle cohérente ; le codage linguistique est relayé par le raisonnement fondé sur l’accès direct et indépendant à un système de concepts cohérents et de modèles cognitifs partagés. L’inférence qui interagit avec le codage dans la mise en place des connexions sémantique n’est pas un processus pragmatique, car elle s’appuie sur un système de concepts largement partagés et de longue durée – sur une véritable grammaire des concepts. Tant le système des concepts cohérents partagés que les conditions de la cohérence peuvent faire l’objet d’une explicitation analytique comparable à la description grammaticale des structures de la langue. On peut parler, à ce sujet, d’un tournant philosophique en linguistique.



© Institut de Linguistique Française 2008