Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 101 | |
Nombre de pages | 13 | |
Section | Histoire, épistémologie, réflexivité | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08235 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08235
La syntaxe de Tesnière dans le contexte de la linguistique 'romantique'
S. Tchougounnikov tchougounnikov@yahoo.comPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
La syntaxe de Tesnière dans le contexte de la linguistique « romantique »
De nombreuses références à la pensée de W. Humboldt permettent de situer la syntaxe de Tesnière dans la lignée de la linguistique « romantique » dorigine allemande. Lidée de la « connexion » permet non seulement de remonter à la filiation humboldtienne, mais elle autorise en outre une hypothèse sur la place de ce concept dans la réflexion sur lorigine du langage. Dans la syntaxe de Tesnière les actants illustrent parfaitement le primat du verbe ou du prédicat sur le sujet affirmé par Herder. Le nom en tant que « reflet naturel » ou « portrait perceptif » du monde externe cède la place au verbe, cette « icône acoustique ». Les actants apparaissant comme les produits du transfert métonymique de laction sur ses agents, ce transfert signifie le passage de linterjection au verbe. Les nominations réalisées à laide des images acoustiques ou icônes auditives, remontent aux « premiers verbes sonores ». Ces verbes dérivés des interjections, présumées être les éléments primitifs du langage, sont en fait des actes daperception situés à lorigine du langage.
La référence à la linguistique de Humboldt fournit au modèle de Tesnière son substrat dynamique et organique. Cette analyse syntaxique apparaît comme un dispositif fondé sur le concept de "forme interne", à savoir, la forme en tant que force, forme devenue force. Chez Tesnière létude de la forme interne ou de lenergeia du langage est létude de la syntaxe. Dans ce modèle le nud phrastique résulte du jeu des forces sur les axes horizontal et vertical. La dominante matérielle se manifeste sous forme d « agglutination » sur laxe horizontal ; la dominante immatérielle ou « spirituelle » apparaît sous forme des « connexions » et se situe sur laxe verticale.
Ainsi, la dominante énergétique immatérielle ou encore « organique » triomphe sur la dimension matérielle, « inerte » ou « mécanique » du langage. Dans ce modèle la syntaxe est définie comme siège de cette énergie inhérente qui dynamise et réanime les éléments linguistiques inertes. La syntaxe apparaît comme une source du devenir et du vivant dans le langage.
© Institut de Linguistique Française 2008