Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 141 | |
Nombre de pages | 13 | |
Section | Morphologie | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08186 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08186
Quels verbes sont réguliers en français ?
O. Bonami, G. Boyé, H. Giraudo and M. Voga olivier.bonami@paris-sorbonne.frGilles.Boye@u-bordeaux3.fr
giraudo@univ-tlse2.fr
mvoga@free.fr
Publié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Si on suppose que la dichotomie régulier/irrégulier joue un rôle dans la flexion, on doit se demander
quels sont les verbes du français qui sont réguliers. La question nest pas triviale, parce que le deuxième
groupe a un statut ambigu : il nest plus productif, mais concerne un nombre de lexème important ; le
patron de conjugaison est simple (pas plus complexe que celui du premier groupe), et les locuteurs font
peu derreurs de conjugaison à son sujet. Dans cette situation, seul lexamen de données
psycholinguistique peut permettre de trancher.
Le but de cette communication est double. Dans un premier temps, nous présentons des données
psycholinguistiques militant en faveur dun statut régulier pour le deuxième groupe. Dans une tâche de
jugement, face à des formes qui sont ambiguës entre premier et deuxième groupe, les sujets ne
manifestent pas de préférence pour une conjugaison dans le premier groupe ; alors que face à une forme
ambiguë entre premier et troisième groupe, ils manifestent une forte préférence pour une conjugaison
dans le premier groupe. Si ces résultats peuvent donner lieu à différentes interprétations
psycholinguistiques, ils sont incompatibles avec lidée dun contraste de régularité entre premier et
deuxième groupe.
Dans un deuxième temps nous revenons sur la modélisation linguistique de la régularité. Les données
psycholinguistiques que nous avons établies suggère que le français possède deux patrons de conjugaison
réguliers distincts. Une telle situation est problématique, et se résout habituellement en recourrant à de la
phonologie abstraite. Nous proposons une approche alternative, où la case du paradigme qui sert de base
à la conjugaison dun verbe varie dun lexème à lautre. Nous montrons que cette approche permet de
rendre compte de lensemble des verbes des deux premiers groupes sans recourir à des représentations
phonologiques abstraites ni à des classes flexionnelles.
© Institut de Linguistique Française 2008