Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 202
Nombre de pages 13
Section Sociolinguistique et écologie des langues
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08117
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08117

Le statut a-t-il un genre? La perception du français et de l'anglais à Montréal en 1960 et en 2004

E. Laur

elke.laur@oqlf.gouv.qc.ca

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
Le comportement linguistique et social des hommes et des femmes diffère comme nous l’enseignent une multitude d’études dans les domaines psycholangagier, sociolinguistique ou ethnologique (voir entre autres Labov, 1990). Pourtant, dans une des études les plus marquantes pour la recherche des perceptions et des attitudes, l’évaluation principale n’est basée que sur des voix d’hommes uniquement. La recherche en question, initiant la tradition méthodologique des faux-couples (Lambert et al. 1960) afin de mesurer indirectement les attitudes linguistiques des anglophones et des francophones à Montréal, est devenue la méthode de référence utilisée dans le monde entier lorsqu’il s’agit de cerner des rapports entre différents groupes linguistiques au moyen d’évaluations de voix parlant diverses langues ou variétés de langue. Or, la présente étude montre qu’une voix de femme n’est pas du tout perçue de la même façon qu’une voix d’homme lorsqu’il s’agit d’évaluer l’anglais et le français à Montréal. Les résultats obtenus avec un échantillon représentatif de la population de l’île de Montréal montrent au contraire que l’anglais est seulement systématiquement mieux évalué lorsqu’il s’agit d’une voix d’homme qui parle en anglais, tandis que la voix de femme obtient des meilleures évaluations en français. Cette inversion des perceptions linguistiques selon le genre des voix dont témoignent nos résultats permet de réaligner certaines interprétations faites antérieurement.



© Institut de Linguistique Française 2008