Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 145 | |
Nombre de pages | 15 | |
Section | Morphologie | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08064 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08064
Structuration du lexique et principe d'économie : le cas des ethniques
M. Roché mroche@univ-tlse2.frPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Les paradigmes dérivationnels que constituent le nom de peuple ou dhabitants (Russe, Français), le nom de pays (Russie, France), le nom de langue (russe, français) et les trois adjectifs de relation cor-respondants comportent en français deux formes seulement pour ces six lexèmes, voire une seule (Corse / corse). Cette organisation résulte dun « principe déconomie » qui fait que la langue, dans certaines conditions, réinvestit une forme déjà présente dans le lexique plutôt que de construire une forme nouvelle. Les dérivés uniquement adjectivaux (type germanique, arabesque) ont été éliminés du système et ne subsistent quà titre de doublets néo-classiques ou dans des nominalisations démotivées. Le même principe impose une même forme aux dérivés en anti- et aux dérivés en -isme quelle que soit leur base lexicale (anti-allemand 'contre lAllemagne / 'contre les Allemands, italianisme 'mouvement dopinion en faveur de lItalie / 'caractère typiquement italien, japonisme 'mouvement dopinion en faveur du Japon, 'caractère typiquement japonais). Parallèlement, les ethniques caractérisés par un suffixe (Français, Thaïlandais) et constituant ainsi un paradigme lexical homogène tendent à remplacer ceux qui ne le sont pas (Russe, Thaï). La marque morphologique renforce la cohérence sémantique du paradigme et un même effet de série, à partir de leader words, se traduit par un effet de rime qui contribue tantôt au choix de laffixe tantôt à son renforcement par une homophonie du segment qui précède. Cette double « dimension paradigmatique » (van Marle, 1987), dordre lexical, conditionne la construction des lexèmes conjointement ou concurremment avec les modèles morphologiques et les contraintes phonologiques de « bonne formation ».
© Institut de Linguistique Française 2008