Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 221 | |
Nombre de pages | 13 | |
Section | Syntaxe | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08031 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08031
Les coordinations de termes dissemblables sont-elles elliptiques ?
F. Mouret francois.mouret@linguist.jussieu.frPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Deux schémas d'analyse s'opposent au sujet des coordinations de termes dissemblables (Marie adore les réceptions et qu'on lui apporte des fleurs). Le premier met en avant les données de l'observation en exploitant la représentation des catégories sous la forme de structures de traits. On considère ainsi qu'on peut coordonner aussi bien des termes identiques que des termes dissemblables, les distributions observées résultant de la compatibilité ou non entre les traits de la coordination dans son ensemble (qui peuvent être sous-spécifiés lorsque les termes conjoints ont des propriétés conflictuelles) et les contraintes imposées par l'environnement (qui peuvent être plus ou moins spécifiques). Le second schéma d'analyse consiste à dériver les coordinations de termes dissemblables d'un mécanisme plus général d'ellipse. Il est souvent admis, en effet, qu'une règle d'ellipse sur la frontière gauche du second conjoint est nécessaire pour caractériser les coordinations de séquences de constituants (Paul offrira un disque à Marie et un livre à Jean). Or il est clair, si cette analyse est correcte, qu'on peut décrire à l'aide de la même règle les diverses coordinations de termes à première vue dissemblables et ainsi se dispenser du recours à une théorie spécifique des traits et de leur mode de propagation dans les structures coordonnées. Dans cet article, nous montrons sur la base d'arguments empiriques relativement indépendants d'un cadre particulier qu'une analyse à base d'ellipse des coordinations de séquences doit être abandonnée. Il faut admettre que la grammaire du français autorise non seulement les coordinations de constituants, mais aussi les coordinations de séquences de constituants dans la portée syntaxique d'un prédicat. Nous en tirons la conclusion qui s'impose : les coordinations de termes dissemblables ne peuvent pas être analysées comme des coordinations elliptiques. En d'autres termes, une théorie du degré d'identité des termes conjoints est requise indépendamment d'une théorie de l'ellipse dans la grammaire.
© Institut de Linguistique Française 2008