Numéro |
2010
|
|
---|---|---|
Numéro d'article | 001 | |
Nombre de pages | 2 | |
Section | Conférence plénière | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010263 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Du style indirect libre à la pensée representée : quelques nouvelles hypothèses sur un style littéraire
From le style indirect libre to represented thought: some new hypotheses on the origins of a literary style.
University of California, Berkeley, 322 Wheeler Hall, CA 94720, CA Berkeley, USA
Contact : banfield@berkeley.edu
Je revisite dans cette présentation les origines du style indirect libre et les hypothèses que j’avais défendues en 1978/82, à savoir que ses premières apparences indiscutables datent du 17ième siècle et non de l’époque médiévale, comme le soutiennent Cerquiglini (1984), Cuevas (1988) et Marnette (1998). L’examen des données suggère une apparition de ce style en trois phases. Dès le 12ième siècle, une phrase libre après du discours indirect est interprétable comme la continuation du discours rapporté à la 3ième personne, mais pas encore comme du style indirect libre, au plein sens du terme tel que le définit Bally. Une phrase libre fournit le contexte crucial pour l’exclamation, mais des exclamations attribuables à une 3ième personne ne se trouvent pas avant la fin du 16ième siècle. La cotemporalité d’un temps du passé et de maintenant en français ou de now en anglais a une origine différente. Elle est effectivement attestée dans Paradise Lost de Milton mais n’y est pas interprétable comme de la pensée représentée. Mais la conjonction de la phrase libre, du passé cotemporel avec maintenant et des exclamations attribuables à une troisième personne qui constitue la pensée représentée se trouve dans George Gascoigne (1573), La Fontaine (1668) and Mme de la Fayette (1678). Je chercherai à établir si l’hypothèse d’une évolution en trois étapes permet d’isoler les formes transitionnelles que doit inclure toute tentative d’explication historique selon Adamson (2001). Ma conclusion offrira quelques remarques sur la contribution majeure des études sur le français pour la résolution de cette question et sur la place exceptionnelle de la stylistique et des études linguistiques des arts langagiers dans le monde francophone.
Abstract
I return in this paper to the theory of the origins of represented speech and thought I proposed in 1978/82 and the concomitant claim that its earliest unambiguous appearance was roughly seventeenth-century, and not medieval, as Cerquiglini (1984), Cuevas (1988) and Marnette (1998) argue. Scrutiny of their evidence along with that I have uncovered since favors a three-stage appearance for the style. As early as the twelfth century a non-embedded sentence or sequence of sentences following indirect speech is interpretable as the continuation of the reported speech in a “third-person” form, but not yet as style indirect libre in Bally’s full sense. Non-embeddedness is the crucial condition for the appearance of categories such as exclamations, but exclamations attributable to a third-person are not found until the sixteenth and seventeenth centuries. The cotemporality of a past tense and now seems to have a separate origin, occurring in Paradise Lost (1667) without being susceptible to interpretation as represented thought. But the conjunction of non-embeddedness, past cotemporal with now and exclamations attributable to a third person that constitutes represented thought can be found in George Gascoigne (1573), La Fontaine (1668) and Mme de la Fayette (1678). I will then consider whether this three-stage account isolates the transitional forms Adamson (2001) insists an historical account must contain. The paper concludes with some remarks on the crucial contribution of francophone linguistic studies to the resolution of this question and the unique status of stylistics and linguistic accounts of the language arts in the French-speaking world, which flourish there as almost nowhere else.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010