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Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 105
Nombre de pages 24
Section Lexique(s)
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08352
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08352

Quel avenir pour la lexicographie française ?

P. Corbin

pierre.corbin@univ-lille3.fr

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
L’article propose une représentation de l’état de santé actuel de la lexicographie générale française envisagé du point de vue de l’articulation entre l’offre et la demande. Les perspectives paraissent peu encourageantes, avec une offre qui semble attentiste, repliée sur des formules éprouvées et sans créativité, et une demande qui stagne, si elle ne régresse pas. Sous l’angle de l’ampleur des ouvrages, de leur originalité ou de leurs ambitions linguistiques, le marché dictionnairique actuel fait plutôt pâle figure par rapport à ce qu’il fut à certains moments de la deuxième moitié du XXe siècle, ce qui valut à celle-ci d’être qualifiée de « demi-siècle d’or » par Jean Pruvost dans un ouvrage récent (Les dictionnaires français outils d’une langue et d’une culture, Paris, Ophrys, 2006). À réexaminer de plus près la production de cette période révolue, dont les frontières chronologiques varient en fonction des types de dictionnaires que l’on prend en considération, on observe cependant qu’elle fut aussi celle de beaucoup d’insuccès commerciaux, affectant aussi bien de grands dictionnaires de facture classique pour lesquels la demande s’émoussait déjà que des prototypes de plus petit format dont les innovations ne trouvèrent pas leur public, ce qui amène à considérer que ce « demi-siècle d’or » portait en lui les germes de la morosité actuelle. Entre les limites de l’attrait des dictionnaires imprimés et l’absence de perspective de leur commercialisation sur support électronique, l’issue de la “crise” actuelle manque d’évidence, parce que son fondement profond réside dans l’insuffisante culture dictionnairique de la population et sa tout aussi insuffisante formation à l’usage assidu des dictionnaires et aux aspects techniques de leur maniement. En fait, il semble que seule une action forte des pouvoirs publics pour valoriser l’apprentissage scolaire du bon usage des dictionnaires serait de nature à stimuler l’offre par une relance de la demande, ce qui a aujourd’hui toutes les apparences d’une utopie.



© Institut de Linguistique Française 2008