Numéro |
CMLF 2008
2008
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Numéro d'article | 098 | |
Nombre de pages | 11 | |
Section | Histoire, épistémologie, réflexivité | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf08194 | |
Publié en ligne | 9 juillet 2008 |
DOI: 10.1051/cmlf08194
Etude macroscopique du champ linguistique en France dans laprès-guerre
T. Poibeau thierry.poibeau@lipn.univ-paris13.frPublié en ligne le 9 juillet 2008
Résumé
Létude de lhistoire et de lévolution des idées en linguistique sest considérablement développée ces dernières années. La recherche porte le plus souvent sur des périodes précises du passé sur lesquelles on a un certain recul, afin den faire ressortir les orientations et les lignes de force. Il est beaucoup plus risqué danalyser la période contemporaine. Pourtant, on ne peut quêtre frappé par les hauts et les bas dun domaine, la linguistique, quelque peu délaissée après la guerre, si forte dans les années 1960, et à nouveau en plein questionnement aujourdhui, pour autant que lon puisse en juger. Ce sont ces mouvements de flux et de reflux que larticle essaie de cerner, à un niveau macroscopique.
Notre point de départ sera létude de Jean-Claude Chevalier et Pierre Encrevé, Combats pour la linguistique (2006). Dans ce livre, les auteurs décrivent lévolution de la linguistique en France après la guerre (et plus particulièrement la création des revues de linguistique entre 1958 et 1968). Les auteurs, pour mener à bien leur enquête fondée sur des interviews des principaux acteurs du domaine, étendent leur champ dinvestigation jusquau début du 20e siècle.
Létude de Chevalier et Encrevé se situe clairement dans une perspective sociologique, « à la Bourdieu ». Il sagit, à travers les interviews, détudier le « champ » linguistique, les positions de « pouvoir » et de luttes entre individus et entre théories. Cette dimension est évidemment présente, et le livre des deux auteurs laissent bien apparaître ces oppositions entre classiques et modernes, anciennes théories et nouveauté des années 1960, etc. Mais, au-delà de cette vision du champ linguistique, il ne semble pas inutile de revenir sur ces prémisses, y compris pour en examiner les conséquences sur une période plus récente.
Quelles sont les oppositions à luvre ? Y a-t-il réellement une opposition fondamentale entre philologie et linguistique ? Y a-t-il une spécificité française dans le renouveau linguistique de laprès-guerre ? Quel est le poids des études classiques et des études portant sur des langues modernes ? Dans quelle mesure peut-on parler de « structuralisme à la française » ? Quelle a été la portée (scientifique, épistémologique, voire philosophique, à lintérieur et à lextérieur des frontières) de ce structuralisme dans laprès-guerre ? Ce sont quelques unes des questions auxquelles ce bref article essaie de répondre.
© Institut de Linguistique Française 2008