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Open Access
Numéro
CMLF 2008
2008
Numéro d'article 025
Nombre de pages 14
Section Conférences plénières
DOI https://doi.org/10.1051/cmlf08349
Publié en ligne 9 juillet 2008
Congrès Mondial de Linguistique Française, Paris, France, 2008
DOI: 10.1051/cmlf08349

L’évolution des distinctions de durée vocalique dans la flexion nominale du français

Y.C. Morin

Yves.Charles.Morin@umontreal.ca

Publié en ligne le 9 juillet 2008

Résumé
La formation des voyelles longues en français médiéval et leur évolution ultérieure n'ont jamais été une préoccupation majeure des études sur l'histoire du français. Les manuels d'introduction à la phonétique ou à la morphologie historique du français peuvent en faire totalement abstraction, probablement pour ne pas surcharger de traits qui n'ont laissé que peu de traces dans la langue moderne une matière déjà bien complexe. Pourtant elle a fait l'objet de nombreuses observations des grammairiens depuis le XVIe siècle jusqu'au milieu du XIXe. Son rôle dans la langue standard comme marqueur de genre et de nombre des noms et adjectifs se terminant par une voyelle, opposant un masculin singulier avec une voyelle brève aux autres formes avec une voyelle longue, par exemple fini [fini] - finis, finie, finies [fini:], s'impose dans les grammaires au cours du XVIIIe siècle. Puis ces distinctions disparaissent de la norme vers la fin du XIXe siècle, en même temps que les oppositions de durée des toniques en finale de mot. Ce développement cependant n'a pas été linéaire, au moins pour le pluriel des anciens oxytons (le plus souvent des noms et adjectifs au masculin). Le XVIe siècle connaissait une double distribution des durées dans ces oxytons, qui dépendait de deux facteurs : (1) la source historique du s final, selon qu'il s'agit de l'affriquée [ ts] ou de la fricative [ s] de l'ancien français primitif et (2) les sandhis médiévaux, ceux-là mêmes qui ont conduit à la formation des consonnes de liaisons du français moderne. Ainsi, le pluriel finis de fini pouvait avoir une voyelle brève à la pause, mais une longue quand il était suivi d'un mot commençant par une consonne. Dès la fin du XVIe siècle, des régularisations analogiques vont favoriser les formes phonologiquement marquées pour noter les formes morphologiquement les plus complexes, la durée se généralisant le plus souvent comme marque du pluriel. Avec pour conséquence un cumul des fonctions morphologiques de la durée pour indiquer à la fois le pluriel et de féminin - ce que certaines variétés de français vont au contraire éviter, le plus souvent dans les régions orientales du domaine d'oïl, mais aussi ponctuellement dans les régions occidentales. La communication examinera les sources médiévales des oppositions de durée pertinentes pour la flexion nominale, leur évolution entre le XVIe et le XXe siècle principalement dans la norme parisienne, et les facteurs responsables de cette évolution.



© Institut de Linguistique Française 2008